Rejoindre la résistance, un engagement.
"Je regardais à travers les aiguilles des sequoia rendues translucides par le soleil. J'étais heureux. La vie est si belle. Raison de plus pour se battre."
— Derrick Jensen
Rejoindre ATR, c'est recevoir des autres.
Les membres ATR bénéficient de formations et d’un réseau d’entraide. Ils peuvent participer aux rencontres régionales et nationales organisées toute l’année.
Formations
Un cursus de formations à l’analyse critique de la technologie et à la réflexion stratégique est proposé en visio et en présentiel à tous les membres de notre organisation.
Rencontres
Parce que la révolution n’aura pas lieu sur écran, nos membres sont régulièrement conviés à des rencontres régionales et nationales pour s’entraîner, se former et souder les liens du groupe.
Réseau d'entraide
Les membres ATR peuvent faire appel à notre réseau en cas de besoin, que ce soit pour bénéficier d’un hébergement ou d’une aide lors d’un chantier participatif.
Activités
Au sein des groupes locaux, des activités hebdomadaires sont proposées aux membres (ciné-débat, conférence, sport, randonnée, chantier participatif, etc.)
Rejoindre ATR, c'est donner en retour.
ATR est une organisation qui donne beaucoup à ses membres, et qui en retour attend un engagement fort de leur part. Nous préférons les acteurs aux spectateurs.
Missions
Tous nos membres sont encouragés à s’investir en fonction de leurs disponibilités. Une grande diversité de missions sont proposées en fonction de la motivation, des compétences et de l’expérience de nos recrues.
Rencontres
Il est attendu des membres une aide logistique lors de la préparation et de l’organisation des événements ou des rencontres ATR.
Formations
Après avoir validé l’ensemble du cursus de formation et bien assimilé la stratégie ATR, nos membres peuvent monter en grade et dispenser eux-mêmes des formations à leurs camarades.
Militantisme
Après leur formation aux techniques d’activisme, nos recrues sont missionnées pour participer et intervenir lors d’événements militants afin de promouvoir le diagnostic et la stratégie ATR.
Financer la résistance, soutenir les camarades
Nous n’arriverons à rien sans financement. C’est pourquoi, comme n’importe quelle association, ATR demande une cotisation à ses membres.
Soutien aux déplacements
Les cotisations servent notamment à couvrir les déplacements de nos militants envoyés en mission sur des luttes locales et dans des mouvements sociaux.
Soutien au financement de locaux
Les fonds levés ont en outre pour objectif de financer le loyer de nos locaux, et si possible d’en acquérir. Dans un second temps, nous avons pour ambition d’acheter des terres afin d’y développer des zones autosuffisantes.
Soutien à la logistique
Cet argent nous sert par ailleurs à acheter du matériel indispensable pour mener à bien nos activités militantes (stickers, affiches, imprimantes, vidéoprojecteurs, matériel de survie, matériel de sport, nourriture lors des rencontres, etc.).
Financement des outils de communication
Un autre budget important est alloué au financement des outils et supports de communication (hébergement du site web, logiciels, graphisme, financement de campagnes, etc.)
ATR est et restera toujours une organisation légale, non violente.
Elle ne sera jamais à l’initiative d’actions dépassant ce cadre. Nous avons à ce titre un règlement intérieur, que nous portons à votre connaissance lors de vos démarches pour devenir membre.
Les 12 principes du résistant anti-tech.
Vous trouverez ici les douze principes communs partagés par tous les membres d’ATR. Ces principes sont essentiels pour nous permettre d’avancer tous ensemble en direction de notre objectif : se débarrasser du système technologique et se réapproprier nos conditions matérielles d’existence.
Le système technologique est totalitaire
« La technique conduit l’État à se faire totalitaire, c’est-à-dire à tout absorber de la vie. Nous avons noté qu’il en est ainsi par suite de l’accumulation des techniques entre les mains de l’État ; que les techniques se relient les unes aux autres en même temps qu’elles s’engendrent mutuellement et que cela forme un réseau qui enserre toutes nos activités ; et lorsque l’État saisit un fil de ce réseau, il amène progressivement à lui (« volens nolens ») toute la matière avec la méthode. Ainsi, même lorsque l’État est résolument libéral et démocratique, il ne peut faire autrement que devenir totalitaire. »
– Jacques Ellul, La Technique ou l’Enjeu du siècle, 1954.
De l’extrême gauche à l’extrême droite, tous les partis politiques vénèrent le progrès technique. Tous postulent que l’innovation et la science sont des forces émancipatrices bénéfiques à la condition humaine. Pour eux, la recherche ne doit tolérer aucun frein, aucune limite. En réalité, nous avons affaire à un parti unique donnant à la plèbe l’illusion du choix à travers quelques différences superficielles. Ce parti unique, c’est le parti technologiste.
De nombreux auteurs annoncent depuis longtemps déjà l’avènement du techno-totalitarisme (Aldous Huxley, Günther Anders, Jacques Ellul, George Orwell, Lewis Mumford, etc.). Rappelons tout d’abord que le totalitarisme, ça ne se résume pas au nazisme ou au stalinisme, qui en sont deux versions extrêmes. Deux éléments reviennent dans les définitions communément admises du totalitarisme :
- C’est un régime politique dans lequel un parti unique détient tous les pouvoirs et ne tolère aucune opposition ;
- L’État totalitaire exerce une mainmise sur la vie publique, mais également sur la totalité des activités individuelles.
Ceci est aisément vérifiable. Alors que dans la plupart des sociétés préindustrielles, le progrès technique était systématiquement débattu, voire soumis à des tabous ou des interdits en raison des bouleversements sociétaux qu’il engendrait, ce n’est pratiquement plus le cas aujourd’hui. La mentalité collective vis-à-vis du changement technique semble avoir été modifiée en profondeur depuis la première révolution industrielle. D’autre part, il est frappant de constater que les possibilités de contrôle, de surveillance et de répression par l’État augmentent au fur et à mesure des progrès techniques. Le télégraphe a permis l’instauration d’une communication rapide entre le centre (Paris) et la périphérie de l’État, tandis que le chemin de fer puis les axes routiers rendaient possible l’envoi de l’armée et/ou la police pour pacifier une insurrection. Les techniques modernes d’urbanisme furent employées par le baron Haussmann à Paris afin d’organiser la gentrification du centre-ville – parquer les pauvres en périphérie – et améliorer l’efficacité des forces de l’ordre dans la neutralisation des insurrections. Aujourd’hui, ces moyens de contrôle se développent à une vitesse exponentielle : données biométriques, Internet, smartphone, satellites, etc.
Terminons ce point par une autre citation de Jacques Ellul qui, il y a près de 70 ans, avait déjà bien cerné notre problème :
« Les techniques policières, qui se développent à une cadence extrêmement rapide, ont pour fin nécessaire la transformation de la nation tout entière en camp de concentration. Ce n’est pas une décision perverse de tel parti, de tel gouvernement ; mais pour être certain d’attraper des criminels, il faut que chacun soit surveillé, que l’on sache exactement ce que fait chaque citoyen, ses relations, ses habitudes, ses distractions… Et l’on est de plus en plus en mesure de le savoir.
Cela ne veut pas dire que la terreur règne ; cela ne veut pas dire que l’on est arrêté arbitrairement : la meilleure technique est celle qui se fait le moins sentir, qui pèse le moins. Mais cela veut dire que chacun doit être rigoureusement connu et surveillé discrètement. Et cela provient uniquement du perfectionnement des méthodes. »
Notre problème n’a rien à voir avec un mauvais usage de la technologie
« S’il y a bien une chose qui ressort de l’observation de la société moderne, c’est que les technologies ne sont pas que de simples assistantes de l’activité humaine, elles sont aussi de puissantes forces qui la refaçonnent et altèrent sa signification. »
– Langdon Winner, La Baleine et le Réacteur – À la recherche de limites au temps de la haute technologie, 1987.
L’idée que la technologie serait neutre et que l’usage fait par les humains constituerait l’essentiel du problème est répandue. Cette idée est fausse. Le système technologique est un nouveau milieu, un paysage artificiel qui suit ses propres lois évolutives, où les machines prospèrent au détriment des espèces vivantes, de la nature. L’humain est esclave de la machine dans ce nouvel environnement.
La technologie ne pousse pas dans les arbres, car sa production a des implications sociales et écologiques. En 2020, le système technologique a englouti plus de 100 milliards de tonnes de matières premières. Ces matériaux servent principalement à la construction d’infrastructures, de bâtiments et de machines lourdes. Une étude parue la même année dans la revue Nature estimait que la masse totale des productions artificielles – constructions et infrastructures principalement – était aujourd’hui équivalente à la biomasse terrestre vivante sur Terre.
Cette problématique n’a rien à voir avec une question de gouvernance. Qu’un régime politique soit de gauche ou de droite, il faudra toujours 3 000 tonnes de sable et de gravier pour construire un bâtiment des dimensions d’un hôpital, 30 000 tonnes pour un kilomètre d’autoroute et 12 millions de tonnes pour une centrale nucléaire. Remplacer ces matériaux par d’autres ne change fondamentalement rien au problème : le développement et l’entretien des villes et des infrastructures implique d’arracher en continu des quantités phénoménales de matériaux à la croûte terrestre.
Le primate humain est un animal comme un autre
Les animaux humains ne sont ni des nuisibles ni des êtres inférieurs. La propagande du système technologique célèbre la perfection de la machine et rabaisse constamment la nature humaine par essence spontanée, et donc, imprévisible. Il s’agit de nous rendre obéissants et malléables pour faciliter la soumission et l’esclavage. Présenter une certaine catégorie de la population comme inférieure et déficiente fait partie d’un ensemble de techniques psychologiques utilisées depuis des millénaires, notamment pour asservir des peuplades considérées comme « sauvages » ou « barbares ». Que des millions d’humains modernes soient intimement convaincus d’être de la vermine, ce jusqu’à refuser d’enfanter, en dit plus sur leur état de santé mentale que leur consommation astronomique d’antidépresseurs. Cette conception pathologique de la nature humaine semble universelle dans les pays industrialisés, mais absente dans les sociétés traditionnelles de chasseurs-cueilleurs, d’agriculteurs, d’éleveurs ou de pêcheurs de subsistance.
Les humains sont issus de l’évolution et partagent des caractéristiques avec de nombreuses autres espèces. Comme les cachalots, les orques, les lions ou les chimpanzés, le primate humain élabore ce qu’on appelle une culture, c’est-à-dire l’acquisition et la transmission sociale de connaissances – fabrication d’un abri et d’outils, techniques de chasse ou de pêche, etc. – nécessaires pour bien vivre dans un habitat naturel particulier. La culture est intimement liée à l’environnement matériel. Avec les révolutions scientifiques et techniques des derniers siècles, puis l’avènement de la première révolution industrielle, l’humain s’est complètement déconnecté de son environnement naturel. Il n’interagit plus avec le monde naturel via des outils manipulés en sollicitant cerveau et muscles ; Homo industrialis a fabriqué un univers entièrement artificiel. Pour peupler ce nouveau monde et interagir en son sein, il construit des machines diverses et variées. Cet écosystème artificiel se substitute peu à peu à l’écosystème naturel, aux paysages composés d’organismes vivants.
Nous ciblons le système, pas les individus
« Les macro-systèmes techniques et l’emmaillotage cybernétique de la planète sont les formes contemporaines d’un encapsulage généralisé qui ne se contente plus de soumettre à ses conditions implacables quelques individus “d’exceptions” (les astronautes), mais l’humanité et la Terre tout entière. »
– Alain Gras et Gérard Dubey, La Servitude électrique (2021).
Nous pensons que le système technologique menace la perpétuation de l’espèce humaine, c’est-à-dire la survie de chacun des 7,7 milliards d’individus humains sur Terre. Peu importe les dimensions de son compte en banque, sa place dans la hiérarchie ou son origine sociale, aucun humain ne peut survivre sans eau potable, sans nourriture, sans terre fertile, sans atmosphère et température viables – autrement dit, sans une biosphère fonctionnelle.
Aveuglés par la toute-puissance des technosciences, les privilégiés se méprennent s’ils croient pouvoir échapper aux zones géopolitiquement instables et hostiles à la vie humaine sur le plan climatique. À long terme, il n’existe aucun endroit où fuir. En cas de destruction totale de la biosphère, le mode de vie confiné des astronautes est la seule issue possible pour les survivants. Mais cette existence encapsulée pose d’innombrables problèmes pour la santé physique et mentale. Si même des astronautes, qui subissent une sélection drastique et un entraînement de haut niveau, sont sujets à de graves défaillances mentales et physiologiques lors de confinements prolongés, il est peu probable que l’espèce humaine puisse survivre très longtemps dans de telles conditions. Comme l’existence bunkérisée est inhumaine, si quelque chose devait survivre à une destruction partielle ou totale de la biosphère et coloniser l’espace, selon toute probabilité, cette chose ne sera pas humaine (biologiquement parlant).
Bien que la faisabilité technique des délires transhumanistes soit remise en question par des scientifiques sérieux, il serait imprudent d’écarter la possibilité que des machines intelligentes et autonomes puissent, en théorie, selon un processus similaire à la sélection naturelle, être tentées d’évincer les humains et de prendre en main leur destinée. S’il est impossible de prévoir l’avenir, une chose est certaine : les besoins vitaux d’une machine (matériaux et énergie) diffèrent des besoins vitaux d’un humain (eau potable, air respirable, température viable, terre fertile, nourriture saine, vie en société, besoin de bouger, d’espace et de beauté, etc.). Une négligence irresponsable de cette incompatibilité fondamentale a mené en deux siècles aux désastres socioécologiques que l’on connaît. Cela veut dire que même en retournant au niveau technologique des années 1950, la société industrielle conduira nécessairement à une dégradation continue de la biosphère. Il ne peut en être autrement, c’est pourquoi le système doit être entièrement démantelé.
Neutraliser l’ennemi est la priorité absolue
Nous ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Poser dès maintenant les bases idéologiques d’une société idéale sans mettre en question les bases matérielles de la société industrielle moderne est complètement illusoire. C’est une idéologie nouvelle qui a enfanté le télégraphe, les usines, le chemin de fer, le cinéma, la radio, l’automobile, les obus et les chars ; une idéologie qui tend à se renforcer à mesure que l’environnement humain s’artificialise, car les recherches en psychologie montrent que notre cerveau est façonné en profondeur par la culture au sein de laquelle nous grandissons et évoluons au quotidien. Cela signifie que la reproduction culturelle se poursuivra indéfiniment tant que les bases matérielles – les bases économiques et technologiques – de la société industrielle moderne seront conservées.
Pour ne rien arranger, comme le système technologique est un système totalitaire obtenant sa puissance par une expansion permanente, il détruira toutes les formes alternatives de société basées sur des low-tech, des techniques par définition faiblement puissantes. Le système a éradiqué la majorité des sociétés traditionnelles qui existaient auparavant en Europe, et les quelques bribes de folklore qui subsistent encore ne sont que les fantômes des cultures disparues.
Aggravée par les perturbations climatiques et la raréfaction des ressources, l’instabilité politique locale et mondiale va certainement atteindre des niveaux extraordinaires au cours de ce XXI siècle. C’est pourquoi nous pensons qu’il est prioritaire d’éliminer le système afin de pouvoir reconstruire dès maintenant des sociétés alternatives capables de survivre aux chocs à venir. Les Zones À Défendre (ZAD) ont montré leurs limites pour créer des territoires politiquement et matériellement autonomes en France en raison de la puissance de l’État et de l’arsenal technologique à sa disposition (engins blindés, hélicoptères, drones, armes, réseaux et voies de communication). Dans un futur proche, le développement de drones et de robots autonomes de combat rendra d’autant plus facile l’éradication d’alternatives low-tech naissantes.
Pour terminer sur ce point, il nous paraît pertinent pour atteindre notre objectif – sauvegarder l’espèce humaine – de défendre les sociétés traditionnelles existantes dans les pays du Sud afin de préserver leur précieux savoir et de repousser au maximum le moment de leur extinction. Sur ce point, l’ONG Survival International ou le World Rainforest Movement font un travail louable. Les industries extractives constituant la principale menace pour ces sociétés, le travail d’ATR vise également à sauvegarder la diversité culturelle humaine restante, une richesse stratégique pour la survie de l’espèce.
Nous voulons DÉMANTELER le système technologique, pas le réformer ni le fuir
« Ainsi se constitue un monde unitaire et total. Il est parfaitement vain de prétendre soit enrayer cette évolution, soit la prendre en main et l’orienter. Les hommes, confusément, se rendent compte qu’ils sont dans un univers nouveau, inaccoutumé. Et de fait, c’est bien un nouveau milieu pour l’homme. C’est un système qui s’est élaboré comme intermédiaire entre la nature et l’homme, mais cet intermédiaire est tellement développé que l’homme a perdu tout contact avec le cadre naturel et qu’il n’a plus de relations qu’avec ce médiateur fait de matière organisée, participant à la fois au monde des vivants et au monde de la matière brute. Enfermé dans son œuvre artificielle, l’homme n’a aucune porte de sortie, il ne peut la percer pour retrouver son ancien milieu, auquel il est adapté depuis tant de milliers de siècles. »
– Jacques Ellul, La Technique ou l’Enjeu du siècle, 1954.
Il est impossible de fuir le système technologique en raison à la fois de sa nature totalitaire et de son expansion constante. Le système technologique colonise toutes les activités, tous les aspects de l’existence humaine. Vouloir échapper à un système en expansion constante est une illusion, d’autant que l’ensemble de la biosphère a déjà été contaminée par des millions de substances chimiques (Voir L’empoisonnement universel de Fabrice Nicolino).
Quant à la réforme, elle part du postulat fallacieux selon lequel la technologie serait neutre et qu’il pourrait en être autrement en modifiant la gouvernance ou les règles du jeu économiques. Or, comme expliqué plus haut, pour construire et entretenir une autoroute, un immeuble, un chemin de fer, un aéroport, pour faire fonctionner les machines dans cet écosystème artificiel, il faut d’immenses quantités de matières et d’énergie peu importe le type de gouvernance ou de régulation économique.
En revanche, Jacques Ellul se trompait quand il prétendait qu’enrayer l’évolution du système technologique était une entreprise vaine. Techniquement, on sait depuis longtemps démanteler des bâtiments, des usines et des infrastructures. Ellul a écrit ces lignes au début des Trente Glorieuses, à une époque où l’immense majorité de la société croyait religieusement à l’inéluctabilité et aux bienfaits du progrès technoscientifique. Ce n’est plus le cas de nos jours. Par ailleurs, les désastres environnementaux et climatiques à venir vont accentuer cette défiance.
Nous rejetons les clivages politiques conventionnels (droite/gauche)
« Il est vain de déblatérer contre le capitalisme : ce n’est pas lui qui crée ce monde, c’est la machine. »– Jacques Ellul, La Technique ou l’Enjeu du siècle, 1954.
Nous ne voulons pas d’une énième révolution politique qui renversera les gouvernements existants et échouera comme les précédentes dans l’amélioration de la condition humaine. La mascarade politique est à la fois une distraction et un poison qui divise le peuple, un leurre qui nous détourne de la menace prioritaire. La gauche et la droite ne sont d’aucune utilité pour atteindre notre objectif, d’autant que la conception progressiste quasi-universel de la politique moderne part du postulat fallacieux suivant : la science et la technique sont neutres, c’est à l’animal humain, implicitement ou explicitement considéré comme « déficient » ou « nuisible », de s’adapter au Progrès des machines (d’où le célèbre « on n’arrête pas le progrès »).
Nous avons pour objectif de renverser les bases économiques et technologiques de la présente société. Aucune société technologiquement avancée ne sera viable à long terme en raison des perturbations écologiques majeures qu’elles engendrent systématiquement. La durée de vie moyenne d’une civilisation, des sociétés techniquement très avancées, plafonne à 336 ans seulement. Certains militants écologistes ont écrit sur leurs pancartes « nous sommes la nature qui se défend ». Bien que nous soyons idéologiquement éloignés de la plupart des écologistes, c’est ainsi que nous nous percevons. Nous sommes des êtres vivants qui s’organisent pour riposter contre un système et ses machines anéantissant les conditions qui rendent la vie possible sur Terre. C’est pourquoi ATR s’apparente davantage à un groupe d’autodéfense qu’à un mouvement politique.
Il est courant d’entendre, particulièrement à gauche, que la catastrophe écologique découle des inégalités sociales béantes. Il suffirait alors d’une meilleure répartition de la richesse, et comme par enchantement tout rentrerait dans l’ordre sur le plan climatique et écologique. C’est une vision hors-sol déconnectée de la réalité. Si cette richesse a été créée en dévastant des écosystèmes, mieux la répartir ne changera fondamentalement rien au carnage écologique. Comme le soulignait Niko Paech, économiste décroissant inconnu en France (plus de 30 000 exemplaires de son livre Se libérer du Superflu ont été écoulés en Allemagne), tout progrès social au sein de la société industrielle est un progrès économique, donc matériel :
« Puisque chaque facette de notre existence, chaque petite case de notre emploi du temps, se rattache à des objets de consommation et des infrastructures de confort, le social aussi doit être absorbé dans l’économique. Selon cette logique, être libre et participer comme il faut à la vie sociale, c’est pouvoir s’offrir autant de choses que les autres. Dès lors, le progrès social prend nécessairement la forme d’une expansion économique, et peu importe que ces nouveaux services soient fournis par le marché ou l’État. »
Pour finir sur ce point, ATR n’est pas un mouvement politique radical (marxisme, maoisme, anarchisme, etc.), ce qui ne nous empêche pas de piocher des idées chez d’autres quand celles-ci peuvent servir à la lutte antitech. ATR ne milite pas non plus pour des causes progressistes (féminisme, antiracisme, luttes LGBT, animalisme, écologisme, etc.). Naturellement, cela n’empêche pas une femme de couleur de devenir cadre dans notre organisation et d’avoir des hommes sous sa direction. Les luttes progressistes sont certes louables, mais à l’heure où la vie sur Terre est menacée, il faut apprendre à prioriser nos objectifs (a fortiori dans une lutte asymétrique où le camp des opprimés a des ressources limitées). Comme l’a analysé le mathématicien Theodore Kaczynski, les luttes sociales accentuent la résilience du système technologique en canalisant la frustration immense qui découle d’une vie indigne et de l’impuissance généralisée imposées par le système technologique.
Ajoutons encore que nous ne voulons pas dans nos rangs des personnes soutenant des thèses xénophobes et/ou racistes fumeuses selon lesquelles les asiatiques, les juifs, les pauvres, les immigrés, les noirs ou les arabes seraient à l’origine des problèmes de notre époque.
Le système technologique est notre seule et unique préoccupation.
Notre seule éthique est celle de l’efficacité et du résultat
« Il est impossible d’introduire dans la philosophie de la guerre un principe de modération sans commettre une absurdité. »
– Carl von Clausewitz, De la guerre, 1832.
« Notre organisation a compris que la politique n’est rien d’autre qu’une guerre sans effusion de sang et que la guerre n’est rien d’autre que de la politique avec des effusions de sang. »
– Fred Hampton, ancien leader du Black Panther Party dans l’Illinois.
Nous combattons pour que la vie organique l’emporte sur la mort mécanique. Les émotions ou la morale ne doivent en aucun cas interférer avec la réalisation de notre objectif. Les conséquences potentielles à court terme d’un effondrement du système technologique ne doivent pas nous faire perdre de vue l’objectif ultime – sauvegarder l’habitabilité de la Terre, stopper l’extermination de la vie et empêcher l’extinction de l’espèce humaine.
Pour répondre à cette exigence de résultat, nous définissons pour nos projets des objectifs ainsi que des indicateurs de performance chiffrés. Chez ATR, nos cadres sont évalués en premier lieu sur leurs résultats.
Le mathématicien Theodore Kaczynski résume bien la chose dans son livre Révolution Anti-Tech: pourquoi et comment ? :
« Vous devez prendre une décision : l’élimination du système technologique justifie-t-elle tous les risques désespérés et les désastres terrifiants qu’elle implique potentiellement ? Si vous n’avez pas le courage de répondre “oui” à cette question, alors vous devriez cesser de vous plaindre des maux et des difficultés du monde moderne, et simplement vous y adapter au mieux, car seul l’effondrement du système pourrait mettre un terme à l’inexorable catastrophe en cours. »
Donnons un exemple. Durant la Seconde Guerre mondiale, les forces aériennes alliées (britanniques et américaines) ont bombardé la France pour stopper Hitler. On estime que ces bombardements ont fait entre 50 000 et 70 000 morts, soit environ le quart des victimes du conflit pour la France. La plupart des gens seraient aujourd’hui d’accord pour dire que ces bombardements en valaient la peine puisqu’ils ont permis de stopper Hitler et d’empêcher l’extermination totale des juifs européens. Si vous vous sentez incapable de mettre vos émotions de côté et de raisonner froidement, rationnellement, pour prendre des décisions difficiles mais efficaces, vous feriez mieux d’oublier vos rêves de changer le monde pour retourner à votre routine quotidienne.
Ceci reste bien entendu un exemple, ATR est une organisation non-violente et ne souhaite la mort de personne.
Nous utilisons la technologie pour battre le système technologique
Pour beaucoup de monde, il semble paradoxal et incohérent de s’opposer au système technologique tout en utilisant la technologie. La plupart des gens sont totalement étrangers au fonctionnement de la technosphère et à sa nature totalitaire. Ils ont aussi digéré les mensonges de la propagande libérale qui voudrait que le changement sociétal commence par soi-même. Sans surprise, l’histoire des sociétés humaines contredit en tous points cette version de la dynamique du changement.
La plupart des gens ne comprennent pas non plus ce qu’implique un processus révolutionnaire ni les principes de l’art de la guerre. La technologie augmente le pouvoir sur les organismes vivants et la matière, elle constitue donc un intérêt stratégique pour tout mouvement révolutionnaire, peu importe l’objectif poursuivi. Dans un conflit asymétrique, comme c’est presque toujours le cas lors des luttes révolutionnaires qui opposent des outsiders à l’ordre établi, il serait proprement idiot de se restreindre à des technologies low-tech quand des technologies high-tech surpuissantes sont accessibles à moindre coût.
Pour toutes ces raisons, ATR s’intéresse particulièrement aux profils scientifiques et techniques spécialisés dans les domaines suivants : Big Data, intelligence artificielle, robotique, drone, technologies NBIC. Nous cherchons aussi des personnes expertes en développement web, graphisme, vidéo, animation, rédaction web ou SEO. Si vous voulez donner un vrai sens à votre métier en mettant vos connaissances et votre expérience au service du plan grand défi de l’histoire de l’humanité, rejoignez notre camp – celui des humains.
Notre organisation est non-violente
« Livrer cent combats et remporter cent victoires, c’est bien, mais ce n’est pas le meilleur. Sans bataille, immobiliser l’armée ennemie, voilà qui est l’excellent. »
– Sun Tzu, L’art de la guerre, Ve siècle av. J.-C.
En tant qu’organisation légale opérant à visage découvert, nous utilisons des stratégies et des tactiques non-violentes pour atteindre notre objectif. L’imaginaire collectif associe généralement le mot révolution à un affrontement violent et sanglant. Toute velléité révolutionnaire est aussitôt ridiculisée par des déclarations presque systématiques qui servent autant à rationaliser le sentiment d’impuissance qu’à neutraliser toute réflexion stratégique sur le processus révolutionnaire (« Donc, avec tes petits camarades, vous allez prendre les armes et faire la révolution ? »). Ne pas croire à la victoire, c’est le meilleur moyen d’échouer. Posez la question aux athlètes de haut niveau.
Bien que nous soyons non-violents, nous refusons le dogmatisme. Nous pensons que les tactiques non violentes et les tactiques violentes peuvent même être complémentaires au sein d’un mouvement révolutionnaire de grande envergure composé d’une grande diversité d’organisations. Nous comprenons par exemple que certaines personnes emploient la violence pour répondre aux agressions répétées du système technologique. C’est le cas des habitants du Delta du Niger qui rejoignent le MEND pour combattre l’industrie pétrolière, un mouvement au départ non violent qui a vu neuf de ses leaders (dont Ken Saro-Wiwa) exécutés par pendaison. C’est le cas aussi des peuples autochtones d’Afrique, des Amériques, d’Asie et d’Océanie qui ripostent après avoir été privés de leurs droits et chassés de leurs terres par les industries extractives et des gouvernements corrompus. Nous comprenons aussi que, face au carnage environnemental, l’exaspération, la colère et l’impatience puissent inciter des jeunes gens dans les pays industrialisés à se lancer dans des opérations de blocage et/ou de sabotage. Mais comme déjà mentionné plus haut, il faut sérieusement peser le pour et le contre de telles opérations.
La révolution pourrait donc être non violente. L’histoire a montré que des gouvernements peuvent tomber sans bain de sang. Et même dans le cas d’une révolution violente, la lutte armée représente généralement une part très minoritaire de la palette extrêmement diversifiée des activités d’un mouvement révolutionnaire. Bien évidemment, être non-violent n’empêche pas d’apprendre à se défendre. L’autodéfense est même essentielle pour se réapproprier le pouvoir.
Notre organisation est hiérarchique et anti-autoritaire
« Il ne faut pas comprendre le volontariat et l’action de partisan dans le sens étroit de ces mots, c’est à dire comme une lutte des détachements ouvriers et paysans – contre l’ennemi local – non coordonnés entre eux par un plan d’opération général et agissant chacun sous sa propre responsabilité, à ses propres risques et périls. L’action et la tactique des paysans devront être orientées, dans la période de leur développement complet, par une stratégie révolutionnaire commune. Semblable à toute guerre, la guerre civile ne pourrait être menée avec succès par les travailleurs qu’en appliquant les deux principes fondamentaux de toute action militaire : l’unité du plan d’opérations et l’unité de commandement commun. »
– Nestor Makhno
« L’organisation, loin de créer l’autorité, est le seul remède contre elle et le seul moyen pour que chacun s’habitue à prendre une part active et consciente dans le travail collectif, et cesse d’être un instrument passif entre les mains des chefs. »
– Errico Malatesta
Le mouvement révolutionnaire puise sa force dans la diversité des organisations qui le compose. Pour vaincre, nous avons besoin à la fois d’organisations hiérarchiques et d’organisations non hiérarchiques (ou horizontales), pour la simple et bonne raison que chaque type de structure montre une meilleure efficacité dans des domaines différents et complémentaires. Les organisations hiérarchiques semblent plus efficaces pour organiser des mouvements de masse non violents à visage découvert, alors que les organisations horizontales et décentralisées excellent dans les opérations clandestines.
ATR a opté pour une organisation hiérarchique, et ce pour diverses raisons :
- Éviter que des individus malintentionnés cherchent à dévier notre organisation de son objectif prioritaire : stopper et démanteler le système technologique.
- Après avoir atteint une certaine taille, une organisation ne peut plus fonctionner efficacement sans un minimum de hiérarchie.
- Organiser la transmission des connaissances et du savoir-faire des membres expérimentés aux membres les moins expérimentés.
- Organiser des campagnes pour sensibiliser le public aux menaces technologiquesPrécisons ici que la hiérarchie et l’autoritarisme sont deux choses différentes.
Une organisation peut tout à fait être hiérarchique sans être autoritaire, c’est le cas de nombreuses ONG et associations (Greenpeace, Sea Shepherd, LPO, etc.). Cependant, afin d’éviter toute dérive autoritaire, ATR a mis en place plusieurs pare-feux en interne.
Nos cadres se dévouent pleinement à la cause
« Connais ton ennemi et connais-toi toi-même ; eussiez-vous cent guerres à soutenir, cent fois vous serez victorieux. »
– Sun Tzu, L’art de la guerre, Ve siècle av. J.-C.
D’après l’histoire révolutionnaire, les sociétés ne changent pas en profondeur à la suite de révoltes populaires spontanées. On l’a vu dernièrement avec les gilets jaunes. Le manque de préparation et d’organisation en amont empêchent la construction d’un mouvement de résistance solide et durable. Voici ce que disait récemment l’influente revue Foreign Affairs dans une recension d’un livre sur la dynamique du changement sociétal :
« Le remplacement d’un ordre politique qui façonne le monde par un autre a toujours nécessité une stratégie, un leadership et des luttes idéologiques motivées par la recherche de légitimité. Ce sont moins les opprimés et les dépossédés qui remodèlent la vie politique que les activistes et les leaders charismatiques qui s’accrochent à de nouvelles idées puissantes et construisent de nouvelles coalitions. »
Dans nos rangs, nous voulons des combattants motivés, autodisciplinés, autonomes et travailleurs. Trop souvent, les mouvements politiques sont infiltrés par des passagers clandestins, des rêveurs, des ramollis ou des frustrés qui passent leur temps à compenser leurs névroses en agressant leurs collègues (la fameuse « hostilité horizontale »). C’est pour éviter au maximum (le risque zéro n’existe pas) d’intégrer des éléments toxiques que nous procédons à une sélection rigoureuse à l’entrée.
Selon les préceptes de Sun Tzu, nos cadres sont formés pour acquérir une bonne compréhension du système technologique et des risques qu’il fait peser sur la biosphère. Vous recevrez en complément des notions de stratégie, de géopolitique et d’histoire, ainsi que des notions de survie en pleine nature. De plus, un entraînement physique hebdomadaire, la formation à l’autodéfense et aux premiers soins sont obligatoires pour TOUS les cadres de l’organisation (« un esprit sain dans un corps sain »).
Le militantisme comme occupation à temps partiel ou comme activité exercée en dilettante donnera des résultats à la mesure de ce niveau d’engagement, c’est-à-dire des résultats médiocres. Pour éviter cet écueil, nos cadres doivent se montrer pleinement dévoués à la cause et être prêts à faire des sacrifices. Bien entendu, cela n’empêche pas des bénévoles et des sympathisants de se joindre à nous lors d’actions ponctuelles.
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