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Pas besoin de médecine moderne pour être en bonne santé

By
Mark Boyle
18
August
2024
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Traduction du sixième texte de la série de Mark Boyle, auteur du livre The Way Home : Tales from a Life Without Technology (2019) où il raconte son expérience d’une vie sans technologie industrielle. Dans l’article ci-après, il aborde le sujet de la santé et dépeint avec justesse la prise d’otage de l’humanité opérée par le système techno-industriel, « merveilleuse organisation qui prévoit le contre-poison là où elle distille le poison » (Jacques Ellul[1]).

Une petite critique que l’on peut faire à Boyle est l’emploi du « nous » quand il écrit que « nous créons des modes de vie stressants, toxiques et malsains ». « Nous » n’avons rien créé du tout, la révolution industrielle et le progrès technologique n’ont jamais fait l’objet d’un vote démocratique. Nos grands-parents, parents et nous-mêmes n’avons jamais été sollicités pour exprimer notre opinion sur l’introduction d’une nouvelle technologie dans la société. C’est la technocratie et ses élites, incluant tous les partis de gauche et de droite, qui imposent de manière autoritaire cette politique suicidaire à l’ensemble de l’humanité.

Les autres textes de Mark Boyle sont à lire ici :

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Ma vie est plus saine sans les pièges de la modernité (par Mark Boyle)

Rester en bonne santé n’a rien à voir avec les médecins, les ambulances et la technologie. Je suis à l’écoute de mon corps, j’ai une alimentation saine, je fais de l’exercice, je consomme des plantes médicinales et je me maintiens en équilibre.

Lorsque les gens apprennent que j’ai décidé de rejeter les technologies modernes complexes au profit de méthodes plus anciennes, plus lentes et oubliées, leur première question concerne généralement les soins médicaux. Compte tenu de son importance dans nos vies, cela n’est guère surprenant. Pourtant, en raison de sa nature émotionnelle, il semble difficile d’avoir une discussion calme et objective sur le sujet. En effet, la plupart des gens ont des amis ou des membres de leur famille qui dépendent des lunettes, d’appareils auditifs, de stents ou de médicaments sur ordonnance.

Les plus inquiets et les plus curieux me demandent souvent ce que je ferais si je tombais gravement malade. La réponse est longue, compliquée et nuancée, mais honnêtement, je n’en sais rien. Il est facile de vivre selon ses valeurs quand tout va bien, mais c’est beaucoup plus difficile quand on est victime d’un accident vasculaire cérébral ou en train de mourir d’un cancer.

Ce que je peux dire avec plus de certitude, c’est que si nous persévérons dans cette idéologie politique de l’industrialisme de masse – qui nous a donné des ambulances, des appareils de dialyse, des fauteuils roulants et des antidépresseurs – non seulement nous continuerons à nuire à notre santé physique, émotionnelle et mentale (ce qui fera qu’encore plus de gens auront besoin d’ambulances, de dialyses, de fauteuils roulants et d’antidépresseurs), mais nous anéantirons aussi une grande partie de la vie sur Terre.

La civilisation industrielle, qui n’a que 200 ans, est déjà à l’origine de la sixième extinction massive d’espèces depuis un demi-milliard d’années. Quel est le rapport avec une ambulance ? Eh bien, à la fois rien et tout. L’ambulance sauve sans aucun doute des vies (y compris celle de mon père). Mais il suffit de réfléchir à une ambulance – avec ses plastiques, ses huiles, ses fluides, son cuivre, ses acides, son verre, son caoutchouc, son PVC, ses minéraux et son acier – pour comprendre que ces choses-là détruisent ce sur quoi reposent nos vies : la planète.

Au-delà de l’image globale, la plupart des maux qui nous affligent aujourd’hui – cancer, obésité, maladies mentales, diabète, stress, maladies auto-immunes, maladies cardiaques, ainsi que ces tueurs lents que sont la perte de sens, l’obsession de l’horloge et la solitude – sont des maux industriels. Nous créons des modes de vie stressants, toxiques et malsains, alimentés par le sucre, la caféine, le tabac, les antidépresseurs, l’adrénaline, le mécontentement, les boissons énergisantes et les fast-foods, et nous défendons ensuite l’idéologie politique qui nous a rendus accros à ces choses en premier lieu. Nos emplois sédentaires mettent encore davantage à mal notre bien-être physique, émotionnel et mental, mais au lieu de nous attaquer honnêtement à la cause première de la maladie, nous déployons toujours plus d’efforts, d’énergie, de génie et d’argent pour tenter de traiter les symptômes et de contenir les épidémies.

Nous avons développé le syndrome de Stockholm. Nous sympathisons avec le système qui nous tient économiquement en otage depuis le XVIIIe siècle. L’industrialisme et son complice, le capitalisme, nous ont même persuadés que, pour nous protéger, nous et nos proches, des horreurs de la maladie, nous devrions asperger toutes les surfaces de produits chimiques, empêcher les enfants de mettre les mains dans la terre et la boue, et essayer de stériliser le monde entier. Nos systèmes immunitaires étant ainsi mis en péril, des sociétés pharmaceutiques richissimes nous vendent ensuite des produits pour nous protéger contre ce que notre corps devrait être capable de combattre naturellement.

Avec leur habileté, ils nous ont même persuadés de prendre des analgésiques pour des choses que les générations précédentes plus robustes n’auraient pas acceptées. Ma propre conception des soins de santé ne satisfera pas les critiques, les défenseurs de cette étrange chose appelée progrès qui semble nous rendre tous plus stressés et moins heureux. Je n’essaie pas de dire aux gens ce qu’ils doivent faire et je n’ai aucun produit à vendre. Je partage ces réflexions uniquement parce que mon rédacteur en chef m’a dit qu’il s’agissait du sujet sur lequel les questions en ligne étaient les plus fréquentes.

Ce faisant, je suis tout à fait conscient que j’ai eu la chance de naître sans aucun problème de santé grave à long terme et qu’à 38 ans, je suis relativement jeune. Cela dit, je ne suis pas convaincu que nous soyons condamnés à vieillir en très mauvaise forme physique, comme les gens civilisés ont tendance à le faire. Mon père a presque 73 ans et il peut encore faire 150 km à vélo avant le dîner, tout simplement parce qu’il n’a jamais cessé de prendre soin de sa santé.

La philosophie qui sous-tend mon approche est celle de tout herboriste : maintenez la vitalité de votre corps et veillez à le faire chaque jour. Lorsqu’il se dérègle et devient malade, utilisez les plantes appropriées – la source originelle de nombreux médicaments industriels – pour rééquilibrer votre corps et votre esprit et rétablir un fonctionnement optimal. Votre corps recherche toujours l’équilibre et la santé, et l’écouter est l’une des meilleures choses que vous puissiez faire. La maladie est un retour d’information – plus tôt vous en tiendrez compte et rétablirez votre vitalité, moins vous risquerez de développer des problèmes plus graves.

Il m’est impossible de décrire mon approche de la santé sans décrire mon approche de la vie. Je ne voudrais pas suggérer qu’il s’agit d’une solution générale adaptée pour tout le monde ; mais à l’exception d’une vasectomie volontaire, je n’ai pas vu de médecin ou d’infirmière depuis 20 ans.

Je cueille mes propres fruits et légumes dans le jardin et les haies, et je les mange aussi frais, crus et non lavés que possible. Chaque semaine, je fais 120 km à vélo jusqu’à des lacs et des rivières, où je passe ensuite trois soirées de la semaine à me détendre et à attraper le dîner du lendemain. Je travaille à l’extérieur, je transpire et je me salis en faisant des choses que j’aime. J’ai pris la décision difficile de vivre dans la nature afin de pouvoir respirer de l’air pur, boire de l’eau pure et adopter une vie qui permette aux autres humains d’en faire autant. Je me lave à l’eau, et uniquement à l’eau. Je n’utilise aucun produit chimique à l’intérieur ou à l’extérieur de la maison. Je porte aussi peu de vêtements que nécessaire, je n’utilise rien d’électrique – pas de réfrigérateur, pas d’écran, pas de téléphone. J’évite le sucre, la caféine et le stress comme la peste.

Le sommeil va et vient avec la lumière – six heures de repos paisible me suffisent. Lorsque je me sens malade ou déséquilibrée, ma copine Kirsty (qui illustre ces articles et apprend l’herboristerie) me recommande une plante de notre potager et je retrouve peu à peu ma vitalité. Elle fait actuellement sécher de l’achillée, de la prêle, de la potentille, de la brunelle, du souci officinal et de la camomille pour les mois d’hiver.

Depuis mon enfance, je souffre du rhume des foins, une affection de plus en plus fréquente à mesure que le taux de CO2 augmente dans l’atmosphère. Aujourd’hui, je mange une poignée de feuilles de plantain – un antihistaminique naturel – trois ou quatre fois par jour, et cela suffit. Le plantain sort juste avant la saison du rhume des foins et monte en graines peu après. On le trouve aussi bien dans les fissures des trottoirs et des pelouses des villes qu’à la campagne.

Je comprends que cela puisse paraître irréaliste à beaucoup. Il y a dix ans, lorsque je travaillais 60 heures par semaine pour un emploi mal rémunéré en ville, c’était le cas pour moi aussi. Je n’y suis parvenu qu’en me débarrassant des conneries de la modernité, en apprenant à vivre avec la terre et en réduisant mes factures à zéro. La simplicité, à notre époque, s’obtient difficilement, mais j’ai découvert qu’elle en valait la peine.

Je ne peux parler qu’en mon nom, et je soutiens la décision de chacun de prendre soin de sa santé comme il l’entend. En fin de compte, nous allons tous mourir et je souhaite partir comme l’écrivain et défenseur de l’environnement américain Edward Abbey : en m’enfonçant dans la nature sauvage, où les animaux sauvages pourront se repaitre de mon cadavre comme je l’ai fait du leur. Ça n’est que justice.

À cet égard, deux choses me semblent importantes. La première est que, comme Henry David Thoreau l’a fait remarquer un jour, je ne souhaite pas rejoindre la mort en toute sécurité pour finalement « découvrir que je n’ai pas vécu ». Deuxièmement, je ne m’accroche pas désespérément à ma propre lumière déclinante, j’en laisse assez pour tous les autres. Comme tous les bons invités, il est sage de ne pas abuser de l’hospitalité.

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Footnote [1] — Jacques Ellul, La Technique ou l’Enjeu du siècle, 1954.

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