La Faërie ou l’Évasion du monde industriel – J.R.R. Tolkien

Footnote [1] — Dans la mythologie scandinave, Bifröst est le pont qui relie le royaume des cieux (Midgard) à celui des dieux (Asgard). Il est gardé par Heimdall, chargé d’avertir les dieux en soufflant dans sa corne, baptisée Gjallarhorn. (N.d.T.)
Footnote [2] — Christopher Dawson, Progress and Religion [Progrès et religion], p. 58-59. Plus loin, il ajoute : « La panoplie victorienne intégrale, chapeau haut de forme et redingote, exprimait sans aucun doute quelque chose d’essentiel dans la culture du xixe siècle ; de là, elle s’est répandue dans le monde entier comme aucune mode vestimentaire ne l’avait fait auparavant. Il se peut que nos descendants reconnaissent en elle un genre de sinistre beauté assyrienne, un emblème approprié de l’éminente période implacable qui l’a créée ; mais quoi qu’il en soit, il manque à cette panoplie la beauté directe et inévitable que toute tenue devrait avoir, parce que tout comme la culture qui l’a produite, elle n’était pas en contact avec la vie de la nature, ni avec celle de la nature humaine. »
Footnote [3] — (Note G) L’absence d’un tel sentiment est une simple hypothèse concernant les hommes du passé disparu, de quelques confusions exaltées les hommes d’aujourd’hui, avilis ou abusés, puissent-ils souffrir. L’hypothèse selon laquelle ce sentiment était jadis plus marqué est tout aussi légitime et s’accorde davantage au peu de témoignages disponibles touchant à la pensée des hommes d’autrefois sur la question. Que les inventions [fantaisies] qui ont mêlé la forme humaine aux formes végétale et animale, ou qui ont attribué aux bêtes des facultés humaines soient anciennes n’est en aucun cas la preuve d’une confusion. Si c’est une preuve, elle tend vers le contraire. La Fantasy ne brouille pas les contours précis du monde réel, car elle dépend d’eux. En ce qui concerne notre monde occidental, européen, ce « sentiment de séparation » a été attaqué et affaibli à l’époque moderne non pas par la Fantasy, mais par la théorie scientifique ; non pas par des centaures, des loups-garous ni des ours ensorcelés, mais par les hypothèses (ou conjectures dogmatiques) des auteurs scientifiques qui ont classé l’homme non seulement comme « animal » – cette classification correcte est ancienne – mais comme « simple animal ». Il s’en est suivi une distorsion du sentiment. L’amour naturel de l’homme non entièrement corrompu pour les animaux et son désir de se « mettre dans la peau » des créatures n’ont plus connu de limites. Nous voyons désormais des hommes qui préfèrent les animaux à leurs semblables, qui s’apitoient tellement sur les moutons qu’ils maudissent les bergers comme les loups et pleurent la mort d’un cheval de combat en vilipendant les soldats défunts. C’est aujourd’hui, et non à l’époque où naquit le conte de fées, que nous avons une « absence de sentiment de la séparation ».
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