Aboveground / Underground : une introduction au pare-feu

« S’il veut être à la fois efficace mais protégé, chaque membre d’un mouvement de résistance doit prendre une décision essentielle : choisir entre l’action publique et clandestine. Avoir un pied dans chaque camp met tout le monde en danger. »

– Aric McBay, paysan-activiste et auteur

Au sein d’un mouvement de résistance cohabitent généralement des organisations qui adoptent des tactiques différentes. Le choix des tactiques se fait en fonction de l’environnement politique, technique et économique, mais aussi des compétences et de l’expérience des membres du mouvement. Il est possible de classer ces tactiques en deux grandes catégories. D’un côté, l’aboveground (littéralement « au-dessus du sol ») qui regroupe les actions légales et non violentes menées à visage découvert (manifestations, réunions publiques, sit-in, grève de la faim, happening, campagne de communication, etc.). De l’autre, l’underground (« souterrain ») pour distinguer les activités illégales et dangereuses qui devraient en principe être menées dans la clandestinité (renseignement, sabotage, émeute, guérilla, expropriation, etc.).

Souvent mal comprise, cette distinction est pourtant vitale pour accroître l’efficacité d’un mouvement de résistance. On la retrouve théorisée par l’activiste-paysan canadien Aric McBay[1] dans son livre Full Spectrum Resistance (2021) ainsi que dans le manifeste Deep Green Resistance (2011). Militant écologiste de longue date, il a étudié les mouvements de résistance historique (ANC de Nelson Mandela, Black Panther Party, Earth Liberation Front, mouvement des droits civiques, mouvements anti-coloniaux, résistance française au nazisme, etc.). Cette séparation entre action publique (légale) et action clandestine (illégale) a également été remarquée par nos opposants, par exemple le stratège militaire français David Galula. Cet expert renommé de la contre-insurrection a étudié (et combattu) les mouvements anti-coloniaux d’après-guerre en Asie et en Afrique du Nord[2]. Bref, le pare-feu est un principe essentiel de la culture de sécurité pour tout mouvement révolutionnaire digne de ce nom.

Dans cet article, vous apprendrez :

  • Les différences entre les opérations à visage découvert et les opérations clandestines
  • Pourquoi un même militant ne devrait jamais faire les deux
  • L’importance stratégique de la diversité des tactiques au sein d’un mouvement

Action publique, action clandestine : quelles différences ?

On peut distinguer l’action publique de l’action clandestine par quelques caractères généraux :

  • L’action publique à visage découvert est non-violente alors que l’action clandestine est souvent plus musclée ;
  • Le risque (prison, blessure, décès) encouru par les activistes clandestins est en général beaucoup plus élevé.

C’est évidemment le cadre légal en vigueur qui fixe le curseur et détermine la frontière entre les opérations publiques et clandestines. Ce cadre évolue en permanence en fonction des activités de la résistance et de la réaction du régime en place. Comme le rappelle McBay, cette frontière n’est pas inscrite dans le marbre :

« La séparation entre tactiques à visage découvert et tactiques clandestines n’est pas figée. Elle dépend principalement de deux choses : du contexte social et politique et de l’audace des résistants. »

Dans un régime autoritaire ou totalitaire, il va sans dire que toute forme d’opposition politique est interdite. Les actions non-violentes doivent donc elles aussi être menées dans la clandestinité. C’était le cas de la Résistance française au nazisme qui devait prendre soin de diffuser en cachette ses tracts, brochures et journaux.

Dans cet article, nous prenons bien entendu l’exemple d’un régime libéral où l’opposition politique est tolérée.

L’action non-violente à visage découvert (aboveground)

L’activisme non-violent à visage découvert est défini ainsi par le politologue Gene Sharp :

« L’action nonviolente est un terme générique regroupant des dizaines de méthodes spécifiques de protestation, de non-coopération et d’intervention. Elles ont en commun que les résistants mènent le conflit en exécutant certains actes – ou en s’en abstenant – par des moyens autres que la violence physique[3]. »

Gene Sharp liste 198 méthodes spécifiques de lutte non-violente réparties dans ces trois grandes catégories. Dans la catégorie protestation non-violente et persuasion (qui est aussi la moins perturbatrice pour le système), il mentionne les déclarations écrites, pétitions, tracts, piquets de grève, affichage de symboles, bruits symboliques, veilles, chants, défilés, fausses funérailles, réunions de protestation, silence, tourner le dos, etc.

Dans la catégorie non-coopération, Gene Sharp cite le boycott social ou économique, le boycott d’élections, la grève étudiante, la grève des travailleurs, le refus de payer l’impôt ou le loyer, le retrait des dépôts bancaires, la désobéissance civile ou encore la non-coopération par des instances gouvernementales.

La troisième grande catégorie regroupe les méthodes d’intervention non-violente, c’est-à-dire celles « qui perturbent activement le fonctionnement normal de la politique ou du système par une interférence délibérée, que ce soit au niveau psychologique, physique, social, économique ou politique » :

« Un grand nombre de méthodes relèvent de cette catégorie  ; jeûne, sit-ins, raids nonviolents, obstruction nonviolente, occupation nonviolente, surcharge des installations, institutions sociales alternatives, systèmes de communication alternatifs, grèves inversées, grèves en restant chez soi, prises de possession nonviolentes de terrains, défi des blocus, saisie des capitaux, clientèle sélective, institutions économiques alternatives, surcharge des systèmes administratifs, demande d’emprisonnement, double souveraineté et gouvernement parallèle. »

Après cet aperçu des actions qui respectent généralement le cadre légal des régimes libéraux en Occident, passons aux opérations clandestines.

L’action clandestine (underground)

« Les tactiques clandestines nécessitent d’être mises en pratique secrètement pour éviter la répression ou simplement pour pouvoir être entreprises. »

– Aric McBay

Aric McBay fournit cette liste de tactiques presque toujours limitées à la clandestinité :

  • Activité de renseignement clandestine ;
  • Évasion ;
  • Sabotage et prise de matériel ;
  • Attaque des troupes ennemies ;
  • Intimidation ;
  • Assassinat.

L’étude de la Résistance française au nazisme sur la période 1940-1944 éclaire sur la nature et la fonction des organisations clandestines. Par exemple le réseau de renseignement Alliance :

« Au total, le réseau Alliance, doté d’un état-major, d’estafettes, de radios, de chefs de région, regroupera quelque 1 500 résistants, des militaires souvent, mais aussi des fonctionnaires ou des membres de professions libérales, qui ont pour mission de s’infiltrer aux endroits stratégiques, les ports, les centres de commandement de la Wehrmacht, les installations aériennes, les bases de sous-marins, de manière à alimenter en informations militaires précises l’Intelligence Service [Service de renseignements extérieurs du Royaume-Uni] qui recueille leur moisson par le truchement de radios clandestines. Chaque agent porte un pseudonyme, en général des noms d’animaux – Marie-Madeleine, cheffe d’état-major, est « Hérisson », ses adjoints « Aigle », « Basset » ou « Hermine » – ce qui conduira la Gestapo à surnommer le réseau « l’arche de Noé[4]« . »

La Résistance avait également planifié sur le territoire français des opérations ayant pour objectif de perturber considérablement les capacités de défense de l’Allemagne nazie au moment du débarquement allié.

« Les plans ont pour objectif d’entraver au maximum les forces d’occupation au moment du débarquement allié :

  • le Plan Vert, préparé en liaison avec Résistance-Fer, consiste à paralyser le réseau ferroviaire.
  • le Plan Tortue, devenu par la suite Bibendum, vise à paralyser le système routier dans le quart nord-ouest de la France.
  • le Plan Violet prévoit le sabotage des lignes téléphoniques.
  • le Plan Bleu prévoit celui des lignes à haute tension pour priver de courant les voies ferrées électrifiées et les zones côtières.

Le Plan Rouge prévoit le déclenchement de la guérilla à partir de six zones difficilement accessibles : Morvan, Massif Central, Pyrénées, Alpes, Jura, Vosges. Considérées comme des « réduits », ces zones doivent servir de refuge et de base pour les maquis dont la mission est de harceler les arrières allemands.

Enfin, le Plan Caïman envisage des actions à mener en cas de second débarquement en Provence pour libérer le Sud-Ouest et certains secteurs alpins[5]. »

Ainsi, les opérations clandestines sont souvent considérées comme des actions décisives en raison de leur grand impact matériel.

Ce schéma représente un réseau clandestin hiérarchique (à gauche) et un groupe à visage découvert horizontal (à droite) ainsi que le cloisonnement entre les deux. Les contacts sont limités à une poignée de personnes entre les deux types d’organisation et l’échange d’information est à sens unique pour réduire le risque. A la cloison externe, le réseau clandestin ajoute des cloisons internes pour protéger ses membres. (Source : Deep Green Resistance, Tome 2)

L’utilité du cloisonnement

Pour cette partie, nous reproduisons en totalité un extrait du livre Full Spectrum Resistance (Tome 1) d’Aric McBay traitant du pare-feu :

« Les mouvements de résistance se protègent au moyen d’une séparation entre les sections ouvertes et les sections clandestines. La plupart d’entre nous travaillent dans des groupes à visage découvert. Cependant, comme nous l’avons vu au chapitre précédent, diverses raisons justifient la création de groupes clandestins : échapper à la persécution, publier des journaux clandestins, mettre en pratique l’action directe.

Les organisations qui œuvrent au grand jour peuvent communiquer avec un grand nombre de personnes et les mobiliser, et adoptent pour la plupart des tactiques peu risquées. Elles ont rarement recours à des tactiques très illégales ou nécessitant une grande discrétion. Les groupes clandestins, en revanche, agissent secrètement ; il s’agit de petits groupes de personnes très impliquées ayant fait le choix de prendre des risques.

Les groupes clandestins se protègent notamment par le secret et le cloisonnement. Ils savent qu’ils devront toujours faire face à la répression, mais qu’ils seront protégés et soutenus par leurs alliés. Les organisations ouvertes, quant à elles, se protègent principalement en augmentant leurs effectifs et en s’enracinant profondément dans les communautés de résistance ; et si des membres risquent la prison ou la mort, d’autres membres de la communauté s’avanceront pour prendre leur place.

Les besoins organisationnels des groupes publics et des unités clandestines sont fondamentalement différents, c’est pourquoi les groupes de résistance efficaces disposent généralement d’un pare-feu entre les deux : les membres d’un groupe public ne peuvent pas être simultanément actifs dans des organisations clandestines. Si cette règle n’est pas respectée, l’État peut facilement identifier et suivre les membres des groupes clandestins, infiltrer ces derniers et les compromettre. C’est également dangereux pour les personnes travaillant à visage découvert, car elles pourraient être impliquées dans des actions pour lesquelles elles ne disposent pas des compétences adéquates en matière de sécurité. Au quotidien, les membres d’organisations clandestines adoptent une couverture adaptée, une attitude de personnes « normales », voire conservatrices, et évitent de commettre des délits par imprudence.

Il peut être très dangereux de mélanger les actions à visage découvert et clandestines au sein d’une même organisation, étant donné la nature très différente de leurs besoins. Un groupe public, mais trop confidentiel et exclusif, sera isolé ou marginalisé ; il perdra la force du nombre et les racines communautaires dont il dépend, et deviendra une proie facile. Par ailleurs, un groupe enfreignant régulièrement la loi et menaçant les intérêts des puissants, sans toutefois disposer de mesures de sécurité adéquates, ne fera pas long feu. »

Le lecteur pourra s’apercevoir de lui-même que nombre de collectifs et d’organisations écologistes en France ne respectent pas cette règle de base consistant à cloisonner militantisme à visage découvert et militantisme clandestin.

Dans Full Spectrum Resistance (Tome 1), Aric McBay montre à l’aide de ces schémas les grandes caractéristiques de chaque type d’organisation pour en réaliser des « portraits-robots » : grande/petite, centralisée/décentralisée, etc. Le curseur noir montre à peu près la position du groupe sur ce spectre. Le spectre plus large indique que le groupe en question a utilisé une plus grande partie du spectre, ou qu’il a modifié son approche au cours du temps. Pour notre article, c’est surtout la ligne ouvert/clandestin qui nous intéresse.
En superposant ensuite les portraits-robots des organisations sur le spectre, on comprend l’avantage qu’il y a à avoir une grande diversité de groupes et d’organisations au sein d’un mouvement poursuivant le même objectif. Un groupe de sensibilisation ne pourra pas employer les mêmes tactiques qu’un groupe d’autodéfense armé tel que les Deacons for Defense, et vice versa. Dans notre cas, ATR partage des caractéristiques surtout avec l’organisation libérale de mouvement de masse (dont centralisation et hiérarchie) en étant toutefois plus militant (ATR n’est pas un groupe réformiste) et moins permissif sur le plan de la conduite personnelle (les membres d’ATR partagent des valeurs communes pour travailler efficacement ensemble).

L’importance de la diversité des tactiques

« Les mouvements puissants se composent de groupes complémentaires capables d’utiliser différentes tactiques. »

– Aric McBay

Il est courant dans les milieux militants de voir des tactiques écartées ou critiquées pour des raisons éthiques ou morales. D’un côté, nous avons les partisans du dogme de la non-violence qui condamnent en bloc toute forme d’action directe contre des sites industriels ou des infrastructures[6]. De l’autre, des partisans de l’action directe comme le théoricien anarchiste Gelderloos disent qu’il faut boucher tous les puits de pétrole et de gaz, sauf quand cela risquerait de provoquer des famines. Ces idéalistes semblent croire que la vertu mène à la victoire, comme si le respect d’une boussole morale quelconque avait déjà permis de remporter une compétition politique ou économique. Si c’était le cas, les chefs d’État, les ultra-riches et autres PDG de grandes firmes seraient les personnes les plus vertueuses du monde. Que préférez-vous ? Devenir un modèle de vertu ou maintenir la vie sur cette planète ?

À ATR, nous avons déjà tranché : nous estimons que la priorité pour tout résistant un peu sérieux devrait être de s’engager activement dans la promotion de l’objectif unique de l’effondrement du système technologique. Promotion qui, pour être réalisée le plus efficacement possible, doit être réalisée à visage découvert, afin de pouvoir bénéficier des tactiques les plus à même de convaincre et former un grand nombre de personnes : communication (en présentiel et via tous les médias disponibles, réseaux sociaux compris), recrutement, organisation collective d’une culture de résistance anti-tech, etc.). Sans une large diffusion de cet objectif unique, toute action qui serait entreprise risquerait l’éparpillement et finalement la neutralisation de son potentiel révolutionnaire. Avant de vouloir agir, n’oublions pas de « penser stratégie » : rien ne sert de choisir des tactiques sans une stratégie globale nous permettant de donner une direction et un but à l’action concrète. De même, rien ne sert de prétendre concevoir une stratégie quand on est incapable d’énoncer brièvement un objectif clair, unique et précis à atteindre. Et rien ne sert de promouvoir un objectif matériellement inoffensif qui sera aussitôt récupéré par le système. Nous autres, comme tous les résistants de notre époque, nous devrions exiger la fin pure et simple du système technologique qui empêche l’humanité d’habiter autrement cette Terre. Diffuser cet objectif dans les résistances contemporaines doit être notre priorité absolue. Dans le cas contraire, nous assisterons encore une fois à la reproduction de l’histoire récente : les résistances légales et clandestines seront récupérées par la technocratie et mises à profit pour étendre l’empire techno-industriel.

Il faut bien comprendre une chose : la séparation entre action publique à visage découvert et action clandestine est purement stratégique. Cette règle accroît nos chances de victoire, et n’a rien à voir avec des considérations éthiques ou morales. Dans ses écrits, Aric McBay rappelle à plusieurs reprises qu’un mouvement puissant est un mouvement composé d’organisations diversifiées capables d’opérer sur le plus grand spectre possible de tactiques.

« Tous les membres de mouvements de résistance devraient comprendre en quoi des approches diverses et l’existence d’organisations clandestines peuvent leur être bénéfiques et renforcer leurs combats. Le rôle joué par les groupes clandestins dans le passé doit être connu de tous, afin qu’ils ne soient pas balayés sous le tapis de l’histoire, comme le sont souvent les groupes peu orthodoxes, à l’instar des Deacons for Defense. »

Les Deacons for Defense était un groupe d’autodéfense armé formé en 1964, principalement dans le sud des États-Unis, par des militants afro-américains du mouvement des droits civiques. Toujours écrite par les classes dominantes, l’histoire a célébré le pacifiste Marthin Luther King et effacé le rôle joué par les Deacons for Defense. Un même révisionnisme historique est observable au sujet de la résistance anti-coloniale indienne, où la non-coopération de Gandhi aurait à elle seule fait capituler les Britanniques. En Occident, pratiquement personne n’a entendu parler de l’anarchiste Bhagat Singh[7], une figure du mouvement indépendantiste presque aussi connue que le Mahatma en Inde. Et pour cause, Singh prônait la révolution par les armes et organisait des actions directes contre l’occupant anglais. Il faisait partie des leaders de la lutte clandestine.

C’est à cause de la menace incarnée par les organisations clandestines radicales que le pouvoir apeuré a fini par accepter de négocier avec les plus modérées. Et si les dirigeants des organisations modérées avaient été moins stupides et plus stratégiques, ils n’auraient jamais accepté de compromis avec le pouvoir/l’occupant. À ce sujet, rappelons qu’ATR est une organisation légale opérant à visage découvert qui utilise uniquement des tactiques non-violentes. Cependant, nous n’accepterons jamais de compromis avec la technocratie qui construit, administre et développe le système industriel menaçant la survie du genre humain et la plupart des autres espèces. La continuation de la vie sur notre belle planète bleue n’est pas négociable.

Tableau récapitulatif

Afin que le lecteur ait un aperçu rapide des différences tactiques entre groupes à visage découvert et groupes clandestins, nous avons reproduit avec quelques ajouts et modifications le tableau ci-dessous fourni par Aric McBay.


Critères

Groupes à visage découvert

Groupes clandestins

Adhésion
L’adhésion est en général ouverte : toute personne connue d’un membre de l’organisation peut adhérer. Certaines organisations peuvent cependant sélectionner leurs membres selon certains critères (compétences, motivation, attitude générale, etc.) comme le ferait n’importe quelle entreprise.L’adhésion est fermée ou étroitement surveillée. Les membres ne connaissent que l’identité des individus de leur zone d’action. Le processus de recrutement se fait le plus souvent par cooptation et peut prendre un certain temps afin de tester le candidat.

Image publique et communication externe
Le groupe tend à attirer l’attention et a des relations publiques en son nom. Les membres peuvent ouvertement revendiquer leur aspiration au changement et leur volonté de résister.Le groupe tend à ne pas se faire remarquer ou à détourner toute attention portant sur lui (sauf celle concernant ses actions). Les liens avec l’extérieur s’effectuent par des communiqués anonymes ou des bureaux de presse.

Communication interne
La communication interne (avec et entre les groupes) est ouverte, fréquente et explicite.La communication entre groupes est limitée, surveillée, concise et cryptée.

Prise de décision
Certains de ces groupes peuvent être largement participatifs en mettant l’accent sur la prise de décision démocratique, transparente et participative. Mais d’autres peuvent également s’organiser de façon plus hiérarchique, comme cela se fait dans la plupart des ONG (Greenpeace, WWF, Sea Shepherd, etc.).Les membres apparaissent souvent comme apolitiques ou conformistes. Le processus de décisions n’est connu que de l’intérieur, et les choix dépendent de la fonction des membres et de la structure.

Actions
Les membres peuvent se déplacer d’un groupe à l’autre pour partager leurs compétences.Le mouvement entre les groupes est très limité, mais l’échange de compétences reste important.

Objectif communiqué au public
Les actions sont annoncées pour accroître l’attention et la couverture médiatique. Les zones ciblées sont celles où l’ennemi est plus fort ou plus concentré (par exemple, les quartiers d’affaires) avec la volonté de mobiliser les citoyens ou de gagner un soutien plus large.Le groupe ne fait pas d’annonce préalable, hormis une désinformation occasionnelle concernant les actions à venir. Les zones ciblées sont celles où l’ennemi est le plus faible ou le plus dispersé. Le groupe ne se soucie pas d’obtenir le soutien de la population, mais il est prêt à développer son réseau de sympathisants, et il se donne l’objectif d’éviter les représailles pouvant se reporter sur le peuple.

S.C.


  1. Toutes les citations d’Aric McBay proviennent des livres Full Spectrum Resistance (Tome 1) et Deep Green Resistance (Tome 2). Il est utile de préciser ici deux choses. Premièrement, Aric McBay est le « monsieur stratégie » de DGR. En effet, il est l’auteur de tous les passages portant sur la stratégie dans le manifeste de l’organisation qui a été traduit en français aux Editions Libre. Deuxièmement, McBay a pris la décision de quitter DGR en 2012 suite à la décision des deux autres cofondateurs (Lierre Keith et Derrick Jensen) d’exclure les personnes trans. Voir cette tribune publiée 2013 par McBay sur son site personnel : https://www.aricmcbay.org/2013/05/14/dgr-and-transphobia/

  2. David Galula, Contre-insurrection : théorie et pratique, 2008.

  3. Gene Sharp, La lutte nonviolente : pratiques pour le XXIe siècle, 2005.

  4. https://www.liberation.fr/images/2019/08/16/marie-madeleine-fourcade-arche-d-alliance_1745616/

  5. https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/la-resistance-en-action ; voir également Sébastien Albertelli, Julien Blanc et Laurent Douzou, La lutte clandestine en France : une histoire de la Résisatnce 1940-1944, 2019.

  6. C’est le cas notamment de Gene Sharp qui raconte n’importe quoi sur la lutte violente, ce qui n’enlève rien à la pertinence de son travail sur la lutte non-violente.

  7. En Inde, la mémoire de Singh est célébrée par des statues, des films, des pièces de théâtre et son portrait apparaît sur des timbres : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bhagat_Singh

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