Fascistes et communistes partagent le même culte pour la technologie

Nous avons reproduit ci-dessous un extrait de l’excellent Technocritiques : du refus des machines à la contestation des technosciences, ouvrage de l’historien des techniques François Jarrige paru en 2014. Les critiques du système technologique sont souvent associées par la gauche à des « réactionnaires » ou à des « fascistes » tandis que la droite les dénonce comme des « traîtres à la nation ». Quant à l’extrême droite, elle tente constamment de se réapproprier la technocritique à l’image de cette conférence de l’Action Française sur la technique[1]. Comme souvent avec l’extrême droite, cette opposition est un leurre puisque d’autres vidéos de l’Action Française ont pour titre « Pourquoi sauver notre industrie[2] ? » ou encore « Mobilisation nationale : sauvons nos usines[3] ! ».

Obsession pour la quête de puissance afin de pousser l’exploitation de la nature à son paroxysme, désir de délivrance de la condition humaine terrestre par des moyens techniques, aveuglement sur la neutralité de la technique, autant de caractéristiques partagées (à gauche comme à droite) qui expliquent pourquoi nous rejetons les clivages politiques conventionnels (voir le principe n°9 du Résistant).


Exalter les machines à l’âge des extrêmes (par François Jarrige)

Dans la première moitié du XXe siècle, les imaginaires enthousiastes du progrès technique continuent de circuler abondamment. Les discours sur la technique s’insèrent dans les nationalismes triomphant à l’« âge des extrêmes ». David Edgerton parle même d’un « techno-nationalisme » et de la « célébration du citoyen inventif » comme d’une composante importante du nationalisme de cette époque[4]. Chaque nation entend en effet s’attribuer les mérites des innovations contre ses concurrentes, et par là prouver sa supériorité. Si le thème de l’hostilité aux machines subsiste – le dramaturge communiste allemand Ernest Toller (1893-1939) reprend ainsi le sujet des bris de machines dans une pièce qu’il écrit en prison en 1922 et qui est traduite en anglais dès l’année suivante[5] –, la critique des techniques s’apparente de plus en plus à une trahison et à une menace pour la grandeur nationale. Mais l’exaltation des machines varie aussi selon les pays, elle s’énonce à travers des catégories politiques et esthétiques variables, même si les circulations sont nombreuses. Aux États-Unis, le triomphe de l’« âge des machines », dont Henri Ford devient le prophète, s’accentue durant l’entre-deux-guerres. De nombreux travaux ont décrit cet « âge des machines » qui se manifeste dans des objets comme la TSF et les biens de consommation, dans les gratte-ciel et les usines, mais aussi dans des discours et des attitudes « idéalisant de façon extravagante la machine » et sa capacité à créer une société plus juste et plus efficace[6]. L’« idolâtrie de la machine  » se retrouve dans une multitude de productions culturelles, à l’image des clichés commerciaux que Charles Sheeler fait pour Ford, montrant les usines et leurs machines. Dans l’architecture, le cinéma, la photographie, le design industriel naissant, partout triomphe une esthétique façonnée par l’âge des machines[7]. Les journalistes européens se ruent vers le continent américain pour observer les mutations en cours : le culte de l’efficacité, la rationalisation, la production en masse de biens de consommation, mais aussi la nouvelle esthétique moderniste semblent avoir donné au pays le secret de la prospérité[8]. Cet « âge des machines » façonne par ailleurs de multiples productions culturelles. Le développement du courant musical des « big bands », ancêtre du jazz, dans l’Amérique des années 1920 a pu être interprété comme la traduction par les populations noires américaines, victimes de la ségrégation, de la nouvelle esthétique machiniste. Le rythme syncopé de la musique refléterait l’accélération produite par l’industrialisation et la mécanisation du travail et de la vie urbaine[9]. Dans le domaine de l’architecture et de l’urbanisme également s’imposent des conceptions esthétiques rationnelles et industrialisées. C’est à cette époque que Le Corbusier formule son célèbre slogan moderniste selon lequel « la maison est une machine à habiter ».

Dans l’entre-deux-guerres, l’exaltation de la grandeur industrielle et technologique s’affirme aussi comme une composante essentielle des États fascistes[10]. Les régimes politiques fascistes ne rompent pas avec les imaginaires héroïques antérieurs ni avec le culte de la machine qui s’est développé dans les sociétés libérales. Ils les poussent au contraire à leurs extrémités, tout en les adaptant à leurs projets répressifs, autoritaires et racistes. La technologie s’impose comme un élément central des imaginaires politiques totalitaires de l’«  âge des extrêmes  ». En dépit de leurs différences irréductibles, l’Italie fasciste, l’Allemagne nazie comme l’URSS de Staline imposent des politiques de la démesure fondées sur l’usage intensif et la valorisation incessante des technologies, même si les buts et objectifs attribués aux techniques peuvent varier selon les pays[11]. À l’écart de l’idéal de neutralité et d’objectivité sur lequel se sont construites les activités techno-scientifiques, de nombreuses recherches insistent désormais sur les liens qui existent entre les formes d’organisation politique, les pratiques des scientifiques et des ingénieurs et les « styles technologiques » nationaux. Les cas de l’Allemagne nazie et de l’URSS de Staline ont particulièrement retenu l’attention, car la science et la technologie ont été des instruments essentiels de la construction de ces régimes et de leurs imaginaires politiques. Dans les années 1930, le nazisme comme le stalinisme se déploient en faisant un usage intensif des technologies les plus modernes. La « machine totalitaire », comme l’appelle Paul Josephson[12], se caractérise par le rôle central accordé à l’État comme acteur du développement et de la diffusion des technologies et par une tendance marquée au gigantisme qui s’incarne par exemple dans les constructions d’Albert Speer, l’architecte du régime nazi, ou dans les « Sept Sœurs de Moscou », ces gratte-ciel voulus par Staline. La nature comme les hommes doivent être asservis, contrôlés et mis au service de la puissance.

Le rapport entre la modernité, les régimes fascistes et les techniques a provoqué de nombreux débats historiographiques depuis les années 1980[13]. Si la rhétorique fasciste en appelle certes au retour au passé, les idéologies fascistes ne sont pourtant jamais des mouvements traditionalistes ; comme le note Eric Hobsbawm, le passé auquel elles se réfèrent est d’abord un « artefact du discours », et leurs traditions ont été largement « inventées  ». Si les fascistes rejettent apparemment la « modernité » et le « progrès » exaltés dans les démocraties libérales, en pratique ils formulent un « ensemble de croyances délirantes à la modernité technique » – qui se retrouve par exemple dans le Manifeste du futurisme (1910), faisant de la machine le symbole de la modernité en art. Dans la continuité des fondamentalismes technologiques antérieurs, les fascismes créent un assemblage original de « valeurs conservatrices » et de foi dans la « maîtrise assurée de la haute technologie contemporaine[14] ». En Allemagne en particulier, la technologie est abondamment mise au service du projet expansionniste et totalitaire du régime national-socialiste. Le Parti nazi mobilise rapidement les ingénieurs et techniciens dans ses rangs. Une fois épurés de ceux classés comme juifs, les ingénieurs connaissent une nette promotion au sein du régime. Les nouvelles techniques de communication sont largement utilisées par la propagande. Peu de temps après la prise du pouvoir par les nazis en 1933, Hitler adopte un vaste plan de construction d’autoroutes – réservées aux voitures – censé symboliser la suprématie du régime. Ces Autobahnen doivent incarner la supériorité de la technologie allemande, sa capacité à améliorer et dépasser la culture[15]. Hermann Goering, responsable de la coordination et de l’application du plan quadriennal de 1936 qui doit rendre le pays autarcique, décrète une augmentation de 150 % de la production de bois pour 1937, et exige la mise en culture de 2  millions d’hectares supplémentaires. Pour atteindre ces objectifs, il faut recourir à l’utilisation massive des techniques les plus récentes, comme les pesticides, les véhicules motorisés et les engrais chimiques[16]. Dans le nazisme, l’acclimatation de la technologie moderne prend la forme de ce que l’historien Jeffrey Herf a appelé le « modernisme réactionnaire[17] ». Cette expression ambiguë décrit le mélange «  d’enthousiasme pour la technique moderne et de rejet à l’égard des Lumières et des institutions de la démocratie libérale » qui caractérise les mouvements conservateurs allemands. Contrairement à ce qu’on lit parfois, la critique politique réactionnaire des Lumières s’accommode parfaitement d’un enthousiasme et d’une foi sans faille dans les pouvoirs de la technique. Les traditions romantique et critique des Lumières du nationalisme allemand n’ont pas abouti à un rejet des techniques modernes, mais au contraire à leur survalorisation comme l’un des fondements de la grandeur du Reich. Selon Herf, le « modernisme réactionnaire » est ce projet culturel qui caractérise la spécificité de la « voie allemande vers la modernité », en laissant « toute la place au progrès technique » et aucune à la démocratie[18].

Cette synthèse « techno-fasciste » trouve ses racines dans l’expérience de la Grande Guerre, dans la défaite et dans la crise intellectuelle des années 1920. En Allemagne, la « révolution conservatrice » s’accompagne d’une acceptation de la société industrielle et des techniques qui apparaissent comme les moyens de la puissance. Pour les penseurs conservateurs, les Allemands sont un peuple de techniciens et d’organisateurs qui doit imposer sa suprématie dans la civilisation technicienne et industrielle en devenir[19]. Avant l’arrivée au pouvoir des nazis, la droite allemande était divisée sur la question des techniques : si certains, à l’image de Spengler et Heidegger, sur lesquels nous reviendrons, prolongent la critique pessimiste et décadente antérieure, d’autres, comme Jünger, élaborent à l’inverse un « techno-fascisme » annonçant l’émergence d’un nouvel ordre permis par le déploiement de la technologie[20]. Pour beaucoup de nationalistes allemands des années  1920, seul un développement technologique poussé peut restaurer la puissance de la nation. Les écrits d’Ernst Jünger incarnent cette réconciliation des intellectuels de droite avec la technologie : « Notre génération est la première à se réconcilier avec la machine et à voir en elle non seulement l’utilité mais aussi la beauté », écrit-il en 1929[21]. Pour Jünger, la technologie n’est pas un outil neutre que les démocraties libérales et bourgeoises pourraient maîtriser. La technologie moderne est autoritaire par essence et nécessite donc l’instauration d’un État fort. À l’inverse, les refus du progrès technique risquent de freiner le redressement national et l’apparition de l’homme nouveau rédempteur.

Hitler lui-même, loin d’être un traditionaliste rejetant le monde industriel au profit d’un retour à la simplicité agraire du paysan allemand, exalte sans cesse la modernisation et la technologie. Face à des régimes démocratiques qu’il juge faibles et décadents, les technologies modernes imposent la mise en place d’un État suffisamment fort pour les diriger au profit de la puissance de la « race aryenne ». Dans Mein Kampf, il définit d’ailleurs la Weltanschauung (vision du monde) nazie comme « fondée sur l’esprit grec et la technique allemande[22] ». En 1939, Goebbels prononce à l’occasion du Salon de l’automobile de Berlin un discours sur la technologie dans lequel il énonce ce qui peut s’apparenter à un résumé de l’imaginaire technologique du nazisme : «  Nous vivons à l’ère de la technologie. Le rythme accéléré de notre siècle concerne tous les aspects de notre vie. Il n’y a guère d’entreprise qui puisse échapper à son influence puissante. C’est pourquoi un danger se profile indiscutablement : la technologie fera perdre leur âme aux hommes. Le national-socialisme n’a jamais rejeté ou combattu la technologie moderne. Une de ses tâches principales était au contraire de la soutenir consciemment, de la remplir d’une âme intérieure, de la discipliner et de la placer au service de notre peuple et de son niveau culturel. […] Alors que la réaction bourgeoise à la technologie fut de s’y opposer avec incompréhension, voire avec une hostilité ouverte, et alors que les sceptiques modernes la considéraient comme la source la plus profonde de l’écroulement de la culture européenne, le national-socialisme comprenait comment il fallait s’emparer de ce cadre sans âme de la technologie pour le remplir du rythme et des chaudes impulsions de notre temps. »

Contrairement à l’Allemagne, qui est l’une des principales puissances industrielles et techniciennes du monde au début du XXe siècle, la Russie reste encore très largement rurale, en dépit des tentatives de réforme de la fin de l’époque tsariste. Après leur arrivée au pouvoir, les bolcheviks mettent en place une politique qui vise à moderniser le pays et à y installer une industrie puissante en donnant la priorité aux innovations. Alors que les régimes fascistes semblent exalter la technique sans les ouvriers, manière de contourner la question sociale, l’URSS entend au contraire réaliser la révolution et émanciper le prolétariat par la machine. Après la révolution d’octobre 1917, le développement du machinisme industriel paraît d’autant plus important et urgent que c’est par lui que doit se construire le socialisme[23]. À cette époque, les romans futuristes et les traités utopiques décrivent le « nouvel homme soviétique » comme un « Prométhée de l’âge mécanique ». Dans son roman de science-fiction L’Ingénieur Menni (1913), le médecin et philosophe bolchevik Alexandre Bogdanov décrit ainsi une société utopiste située sur la planète Mars au XXIIIe siècle où toute forme d’individualité a disparu et où la production est désormais intégralement automatisée et contrôlée par des machines[24]. Tout le monde connaît par ailleurs la célèbre formule de Lénine lors du 8e Congrès des Soviets en 1920 : «  Le communisme, c’est les Soviets plus l’électricité. » L’art prolétarien inaugure quant à lui une forme inédite d’esthétisation de la machine. Dans les années 1920, le courant artistique dit « productiviste » vise à fusionner l’art et les techniques industrielles, l’artiste et l’ingénieur ; l’œuvre d’art réalisée par l’artiste ingénieur est désormais enfermée dans les limites de la rationalité technique[25].

Au cours des années 1930, le gigantisme technologique devient l’un des éléments clés du consensus stalinien. La dimension prométhéenne de la révolution et la représentation du parti démiurge conçu comme seul dépositaire de la science et des techniques façonnent l’imaginaire soviétique des techniques. La téléologie du progrès s’incarne dans les grands chantiers, dans le culte des héros défricheurs et de l’homme maître des instruments mécaniques. Autour des grands projets techniques doit s’opérer la rencontre entre la fierté de la grandeur nationale et l’adhésion à l’avenir radieux proposé par le régime. Dans ses écrits, Staline ne cesse d’exalter la modernité des machines contre les « formes moyenâgeuses » de l’ancien travail paysan et des « petites exploitations agricoles éparpillées ». Pour rattraper les pays capitalistes et prouver la supériorité du régime, il s’en remet « à l’emploi généralisé des machines et à l’électrification », et affirme la nécessité de créer de « grosses exploitations basées sur la culture collective de la terre, l’emploi des machines agricoles et des tracteurs, l’application des procédés scientifiques d’intensification de l’agriculture ». « Il n’y a pas d’autres issues », conclut-il[26].

Cette stratégie d’intensification technique et de transformation industrielle s’engage dans la seconde moitié des années 1920, lorsque le pays sort de la crise. Après 1930, le volume de la production industrielle augmente de près de 9 % par an. Des secteurs neufs comme l’automobile, la chimie ou la construction de machines-outils voient le jour. Le développement technique repose d’abord sur l’importation massive de procédés occidentaux (un quart des équipements mis en service en URSS de 1928 à 1941 auraient été importés[27]). Le régime exalte l’industrie lourde et stigmatise les routines des paysans et des artisans. Dans les années 1920, le paysan devient l’ennemi et l’agriculture paysanne est déclarée « obsolète ». Si les techniques entrent très lentement dans le quotidien des populations, si les objets et biens d’équipement restent rares pour la plupart des Soviétiques, le pouvoir orchestre des festivals de machines, des mises en scène grandioses chargées d’éduquer les masses. La technologie devient un élément central de la culture soviétique, certains parents appellent leurs enfants « Tracteurs » ou leurs filles « Électrification », et la construction du métro de Moscou doit témoigner de cette supériorité technologique de l’homme soviétique[28]. L’URSS devient un régime productiviste affichant comme horizon le dépassement incessant des normes de production. La victoire finale du socialisme dépend de la capacité du pays à rattraper et dépasser les technologies des pays capitalistes, et cette mystique de la machine est largement relayée à l’étranger[29]. En 1929, l’adoption du plan quinquennal lance l’industrialisation à marche forcée. La classe ouvrière en formation est étroitement contrôlée et la propagande du mouvement « stakhanoviste » (1935) associe l’exaltation de la productivité et le contrôle étroit de la main-d’œuvre. Dans les campagnes, le Plan engage la collectivisation des terres, le développement d’une agriculture industrielle et la liquidation des koulaks, ces paysans propriétaires devenus peu à peu la cible du régime. Farouchement opposés à ces réformes, les koulaks se soulèvent lors d’émeutes nombreuses qui éclatent dans les campagnes, les fermiers préférant parfois massacrer leur bétail et détruire leurs biens plutôt que les livrer aux kolkhozes. Des millions de paysans réfractaires sont finalement exécutés ou déportés avec leur famille. Ces protestations et soulèvements paysans prennent parfois la forme de « bris de machines ». Qualifiés de « luddites » dans l’historiographie anglo-américaine, ils témoignent de la très vive résistance à l’égard de la collectivisation[30]. Alors que la suprématie de la machine devient le symbole ultime du nouvel ordre, toute remise en cause ou critique des choix techniques du régime est perçue comme une trahison de l’idéal socialiste. Entre le milieu du XIXe siècle et le milieu du XXe siècle, l’âge des machines a triomphé et, avec lui, une nouvelle définition de la technique, articulée à l’idéologie du progrès, s’est imposée. La technique n’est plus un ensemble complexe de savoir-faire permettant à l’ingéniosité humaine de s’accomplir. Elle devient le destin du monde, elle vise au gigantisme, au dépassement de toute limite, au nom de l’expansion infinie de la production et de la domestication complète de la nature. Cet imaginaire enthousiaste et héroïque du progrès technique n’a pourtant jamais été la seule manière de penser le phénomène technique. Nombreux sont ceux qui critiquent et contestent le déferlement des techniques et mettent en garde contre les évolutions des sociétés industrielles soumises à leur appareillage de plus en plus gigantesque. Derrière la célébration du progrès des techniques subsistent de nombreuses critiques de leur expansion impérialiste et de la « civilisation » mortifère qu’elles engendrent.


  1. https://youtu.be/D0AGgoMm_5o

  2. https://youtu.be/Am3S9l7ZjRA

  3. https://youtu.be/4kqW9HE0iM4

  4. David EDGERTON, Quoi de neuf ?, op. cit., p. 147.

  5. Die Maschinenstürmer (1922), trad anglaise : The Machine-Wreckers, a Drama of the English Luddites in a Prologue and Five Acts (1923).

  6. Karen LUCIC, Charles Sheeler and the Cult of the Machine, Harvard University Press, Cambridge (Mass.), 1991, p.  16 ; sur l’enthousiasme technologique dans l’Amérique du premier XX e siècle, voir en particulier Thomas P. HUGUES, American Genesis. A Century of Invention and Technological Enthusiasm, 1870-1970, Chicago University Press, Chicago, 1989.

  7.  Richard WILSON, DianneH. PILGRIM et Dickran TASHJIAN, The Machine Agein America, 1918-1941, The Brooklyn Museum of Art, New York, 1986.

  8. Daniel T. RODGERS, Atlantic Crossings. Social Politics in a Progressive Age, Harvard University Press, Cambridge (Mass.), 1998, p. 367.

  9. C’est la thèse de Joel DINERSTEIN, Swinging the Machine. Modernity, Technology, and African American Culture between the World Wars, University of Massachusetts Press, Amherst, 2003, p. 5.

  10. Modris EKSTEINS, Le Sacre du printemps. La Grande Guerre et la naissance de la modernité, Plon, Paris, 1991, p. 70 et sq.

  11. Paul R. JOSEPHSON, Totalitarian Science and Technology, Humanity Books, Amherst (NY), 2005. Il n’est pas question ici de discuter la pertinence du concept de totalitarisme ni les enjeux soulevés par la comparaison entre l’Allemagne nazie et l’URSS stalinienne ; sur cette question, voir en dernier lieu Michael GEYER et Sheila FITZPATRICK (dir.), Beyond Totalitarianism. Stalinism and Nazism Compared, Cambridge University Press, Cambridge, 2009.

  12. Paul R. JOSEPHSON, Totalitarian Science and Technology, op. cit., p. 120-121.

  13.  Eric DORN BROSE, « Generic fascism revisited. Attitudes toward technology in Germany and Italy, 1919-1945  », German Studies Review, vol. 10, 1987, p.  273-297 ; Susan BUCKMORSS, Dream world and Catastrophe. The Passing of Mass Utopia in East and West, MIT Press, Cambridge (Mass), 2000, chap. 3.

  14. Eric J. HOBSBAWM, L’Âge des extrêmes. Histoire du Court Vingtième Siècle, 1914-1991, Éditions Complexe-Le Monde diplomatique, Bruxelles, 1994, p. 165.

  15. Sur le projet idéologique qui accompagne ces vastes infrastructures routières du nazisme, voir Thomas ZELLER, Driving Germany. The Landscape of the German Autobahn, 1930-1970, Berghan Books, Oxford, 2006, p. 66.

  16. Sur la nature supposée « écologique » du nazisme, voir les salutaires mises au point de Johann CHAPOUTOT, « Les nazis et la “nature”. Protection ou prédation ? », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, nº 113, 2012, p.  29-39  ; et Franz-Josef BRÜGGEMEIER, Mark CIOC Et Thomas ZELLER (DIR.), How Green Were the Nazis ? Nature, Environment, and Nation in the Third Reich, Ohio University Press, Athens, 2005.

  17. Jeffrey HERF, Reactionary Modernism. Technology, Culture and Politics in Weimar and the Third Reich, Cambridge University Press, Cambridge, 1984 ; Jeffrey HERF, « The Engineer as Ideologue  : reactionary modernists in Weimar and Nazi Germany  », Journal of Contemporary History, vol. 19, nº 4, 1984, p. 631-648, et « Un nouvel examen du modernisme réactionnaire. Les nazis, la modernité et l’Occident  », in Zeev STERNHELL (dir.), L’Éternel Retour. Contre la démocratie, l’idéologie de la décadence, Presses de la FNSP, Paris, 1994, p. 161-195, cit. p. 165.

  18. Sur la culture technologique du nazisme, voir aussi Michael Thad ALLEN, « Nazi ideology, management, and engineering technology in the SS », in Eric KATZ (dir.), Death by Design. Science, Technology, and Engineering in Nazi Germany, Longman, New York, 2005, p. 88-120.

  19. Louis DUPEUX et al., « Kulturpessimismus. Révolution conservatrice et modernité  », Revue d’Allemagne, vol. XIV (1), janvier-mars 1982  ; Louis DUPEUX (dir.), Révolution conservatrice dans l’Allemagne de Weimar, Kimé, Paris, 1992.

  20. Éric MICHAUD, « Figures nazies de Prométhée. De l’“homme faustien” de Spengler au “Travailleur” de Jünger », Communications, vol. 78, 2005, p. 163-173.

  21. Ernst JÜNGER, Feuer und Blut, Berlin, 1929, cité par J. HERF, « Un nouvel examen du modernisme réactionnaire », loc. cit., p. 175.

  22. Cité par Éric MICHAUD, « Figures nazies de Prométhée », loc. cit., p. 169-170.

  23. Kendall BAILES, Technology and Society under Lenin and Stalin, Princeton University Press, Princeton, 1978 ; Paul R. JOSEPHSON, Would Trotsky Wear a Bluetooth ? Technological Utopianism Under Socialism, Johns Hopkins University Press, Baltimore, 2009

  24. Cité par Orlando FIGES, La Révolution russe. La tragédie d’un peuple, Denoël, Paris, 2007, p. 902.

  25.  Maria ZALAMBANI, « Boris Arvatov, théoricien du productivisme  », Cahiers du Monde russe, 40/3, juillet-septembre 1999, p. 415-446.

  26. Joseph STALINE, Les Questions du léninisme, Éditions Sociales, Paris, 1931, t. 2, p. 31, 50 et 112, recueil de textes publiés à diverses dates, cités d’après l’édition numérisée : http://www.communisme-bolchevisme.net.

  27. Anatoli VICHNEVSKI, La Faucille et le Rouble. La modernisation conservatrice en URSS, Gallimard, Paris, 2000, p. 81 et 97, qui s’appuie lui-même sur l’étude d’A. SUTTON, Western Technology and Soviet Economic Development, 1917 to 1945, Stanford University Press, Stanford, 2 vol., 1968 et 1971.

  28. Andrew L. JENKS, « A metro on the mount. The underground as a church of Soviet civilization », Technology and Culture, vol.41, nº 4, octobre 2000, p. 697-724.

  29. Comme en France. Voir Sophie CŒURÉ, La Grande Lueur à l’Est. Les Français et l’Union soviétique (1917-1939), Le Seuil, Paris, 1999, p. 217-219.

  30. Lynne VIOLA, « “Wehaveno Kulaks here.” Peasant “Luddism”, evasion, and self-help », in Peasant Rebels under Stalin. Collectivization and the Culture of Peasant resistance, Oxford University Press, Oxford, 1996, p. 67-99 et 77-78.

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