Gilets jaunes : analyse stratégique des succès et erreurs

Footnote [1] — La colère, qui est la réaction naturelle d’un être humain lorsque ce qu’il aime se trouve menacé, est le moteur du changement (contrairement aux inepties colportées par les bourgeois réformistes).
Footnote [2] — Même si cette dénomination n’était pas employée, la mondialisation, l’uniformisation du monde et la mise en concurrence généralisée des êtres humains d’un bout à l’autre du globe sont une conséquence matérielle du système techno-industriel. Il est complètement illusoire d’espérer endiguer cette tendance à « la guerre de tous contre tous » sans démanteler les infrastructures de communication et de transport qui rendent la mondialisation possible.
Footnote [3] — Des neuroscientifiques, psychologues et neuroscientifiques comme Michel Desmurget en France et Sherry Turkle aux États-Unis ont montré que la technologie détruisait l’empathie chez l’être humain, donc la capacité à faire société. La technologie détruit les liens humains réels pour les remplacer par des liens virtuels, mécaniques. La déshumanisation de la société moderne est la conséquence directe de la colonisation technologique de l’existence. L’optimum sociétal de ce système consisterait à enfermer les corps humains dans des boîtes et à projeter leur esprit dans un monde virtuel, un peu à la manière du film Matrix.
Footnote [4] — Certains points relevés ici viennent de l’historien et stratégiste Michel Goya : https://lavoiedelepee.blogspot.com/2019/01/le-mouvement-des-gilets-jaunes-comme.html
Footnote [5] — Une révolution doit utiliser les moyens de communication de l’époque, voir notre article sur le sujet. Avec à peine 800 guérilleros, Fidel Castro et Che Guevara n’auraient jamais pu renverser le dictateur Batista et son armée de 30 000 hommes sans investir le terrain de la guerre psychologique (via les médias).
Footnote [6] — Voir par exemple : https://signauxfaibles.co/2019/01/17/neuf-lecons-a-tirer-du-mouvement-des-gilets-jaunes-pour-les-prochaines-annees/.
Footnote [7] — Gene Sharp, La lutte nonviolente au XXIe siècle, 2005
Footnote [8] — Le Black Panther Party n’a certes pas renversé le gouvernement des États-Unis, notamment en raison de nombreuses erreurs qui auraient pu être évitées. Mais le FBI le considérait comme la plus grande menace intérieure, c’est pourquoi les grossières erreurs du BPP lui ont été fatales.
Footnote [9] — Theodore Kaczynski, La Société industrielle et son avenir, 1995.
Footnote [10] — Profitons-en pour rappeler que l’oisiveté est historiquement une valeur centrale de l’aristocratie. La noblesse méprisait le travail des paysans et aspirait à se délivrer de toutes les tâches liées à la subsistance. Il semblerait que l’évolution de la nature du travail suite au progrès technique ait contribué à changer sa perception à gauche. Sur ce sujet, voir les excellentes réflexions d’Aurélien Berlan dans Terre et Liberté et de Bertrand Louart dans Réappropriation.Voir aussi ce célèbre chant anarchiste italien de 1892 cité par l’anthropologue Stefano Boni dans son livre Homo confort :Du travail, nous sommes les enfantsEt par le travail, à l’unisson,Nous voulons échapper aux griffesDes avides et vils patrons– L’Inno dei malfattori (« L’Hymne des malfaiteurs »)
Footnote [11] — Pierre Clastres, La Société contre l’État, 1974 ; voir aussi John H. Bodley, Victims of Progress, 1975 :
« Historiquement, les peuples indigènes n’ont pas été des victimes passives de l’expansion des sociétés étatiques et marchandes. En général, ils se sont défendus plutôt efficacement contre les États et les empires préindustriels pendant plus de six mille ans. De nombreuses sociétés tribales se sont bien sûr transformées en chefferies et en États pour se défendre, mais beaucoup se sont contentées d’organiser des alliances militaires temporaires pour protéger efficacement leur territoire. »
Footnote [12] — Texte à lire sur notre blog.
Footnote [13] — James C. Scott, L’œil de l’État : moderniser, uniformiser, détruire, 1997.
Footnote [14] — Un monarque absolu comme Louis XIV avait beaucoup moins de pouvoir sur son territoire et ses sujets qu’un dictateur du XXe siècle. Le progrès technologique accroît considérablement le pouvoir de l’État.
Footnote [15] — Selon l’anthropologue Scott Atran : « Même lorsqu’ils sont vaincus et anéantis, ceux qui ont la volonté de se battre entrent souvent dans la légende. Ils deviennent des héros et des martyrs. »
Texte à lire ici : https://www.vert-resistance.org/ressources-complementaires/de-limportance-du-sacrifice-et-de-la-volonte-de-combattre/
Footnote [16] — Julien Blanc, Sébastien Albertelli et Laurent Douzou, La lutte clandestine en France : une histoire de la résistance 1940-1944 (2019)
Footnote [17] — James C. Scott, L’œil de l’État : « Au cœur des projets parisiens de Napoléon III et d’Haussmann se trouvait la sécurité militaire de l’État. Avant toute chose, la cité réaménagée devait être protégée contre les insurrections populaires. Comme l’écrivit Haussmann : “L’ordre de cette Cité-Reine est une des premières conditions de la sécurité générale.” Des barricades avaient été érigées par neuf fois au cours des vingt-cinq années précédant 1851. Louis-Napoléon Bonaparte et Haussmann avaient vécu les révolutions de 1830 et 1848 ; les journées de Juin et la résistance au coup d’État de 1851 avaient donné lieu aux plus grandes insurrections que le siècle ait connues. Enfin, en tant qu’ancien exilé, Napoléon III était bien conscient de la fragilité de son pouvoir. »
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