Culture de sécurité, garantie de confiance collective
Culture de sécurité, garantie de confiance collective
La culture de la sécurité désigne des automatismes, pratiques, attitudes accessibles à tout le monde, enseignés dans le but d’améliorer la sécurité de nos communautés. Face à des outils de coercition et répression toujours plus avancés, la résistance doit s’imposer une culture apprenant des failles de sécurité de nos prédécesseurs, pour une réponse adaptée – évitant la paranoïa ou le laxisme – tout en restant souple et actualisable. Par souci de concision, nous ne formulerons ici qu’une introduction à cette culture, mais des ressources complémentaires sont conseillées en bas de page.
Principes de la culture de sécurité
- Dans un groupe, se protéger soi-même c’est protéger les autres et inversement. Il n’y a pas de sécurité collective sans confiance : cantonnez-vous aux informations nécessaires pour réussir votre mission.
- Ne parlez pas de votre implication ni de celle de quelqu’un dans la clandestinité et dans des actions illégales. N’interrogez pas les autres à ce sujet. Si l’on vous en parle, expliquez à la personne qu’elle n’a pas à vous tenir au courant de ses activités.
- Vous pouvez discuter d’actions passées de désobéissance civile connues du public, en ne citant aucun détail, lorsque vous vous adressez à des personnes convaincues ou qui pourraient vous soutenir.
- Vous pouvez faire la propagande de toutes les formes de résistance, comprenant le sabotage, tant que vous vous exprimez dans un climat favorable (personnes à convaincre, public connu ou public large lorsque vous êtes entraînés). Ne mentionnez aucun détail et ne faites pas d’appels explicites à la violence.
- Concernant la police et les services de renseignements : ne leur parlez jamais. Ils ne cherchent pas la vérité et ne sont pas animés par un sentiment de justice. Leur but est de vous extorquer des informations et de vous charger abusivement. Vous n’avez à vous justifier que devant un magistrat alors garder le silence est le meilleur moyen de ne rien révéler sans avoir à mentir. Ne les autorisez pas à entrer chez vous sans exiger une commission rogatoire délivrée par le juge. Ils en ont besoin pouvoir entrer dans un lieu privé. Détruisez systématiquement les documents dont vous n’avez plus besoin.
- Tenez-vous informés des lois en vigueur et à venir ainsi que de la jurisprudence. Entourez-vous d’avocats et de juristes compétents. Échangez régulièrement vos informations avec votre groupe.
- Une bonne sécurité passe par une compréhension des outils informatiques et numériques. Suivez les guides, formez-vous collectivement, mettez en place une routine de sécurité.
Organisation à visage découvert et organisation clandestine
Les organisations à visage découvert ou aboveground agissent dans le cadre de la loi ou en marge de celle-ci, mais en se prémunissant de nombreuses sécurités (médiatisation, soutien de masse, avocats, caisse de répression). Bien que facilement identifiables, elles n’ont aucune obligation de transparence. Ainsi la retenue d’informations s’impose. ATR est et restera toujours une organisation légale non violente. Elle ne sera jamais à l’initiative d’actions dépassant ce cadre.
Les organisations clandestines ou underground opèrent cachées pour ne pas avoir à subir une répression potentiellement fatale pour le groupe. Les règles de sécurité sont plus strictes que pour l’aboveground. Il est impératif de choisir entre aboveground et underground avant de pleinement s’engager dans le militantisme. Opérer sur les deux fronts mettra en danger votre couverture ou exposera votre organisation identifiable à un risque de persécution par les autorités.
Questions/Réponses
« N’est-il pas plus sûr que tout le monde masque totalement son identité ? »
Nos activités laissent des traces que les services de renseignements savent exploiter et il serait naïf de considérer pouvoir rester totalement anonyme. S’embarrasser de mesures contraignantes inadaptées éteint notre capacité à agir. Une bonne culture de sécurité offre un bouclier préventif satisfaisant et assure nos arrières en légitimant nos actions.
« Utiliser internet pour une révolution est une bêtise, tu serais mieux suivi que le petit Poucet. »
Exploiter les outils numériques comporte des risques de traçage et de vol de données, mais ceux-ci sont compensés par l’utilité desdits outils. Il serait idiot pour une organisation à visage découvert de se priver de l’efficacité des outils numériques pour communiquer, échanger ou se former. Des attitudes ou protocoles adaptés diminuent rapidement une majorité des risques encourus. Par exemple les informations seront transmises par des canaux en adéquation avec la criticité et l’urgence du message.
« Comment gérer les profils imprudents ? »
La culture de la sécurité n’est pas innée et l’acquisition d’automatisme prendra du temps. Faites preuve de pédagogie avec ceux qui vont trop loin, mettez en lumière la responsabilité qui leur incombe (celle de la survie du groupe). Prenez garde à ne pas qualifier sans preuve solide quelqu’un d’infiltré, la plupart des erreurs étant dues à des résistants qui pensaient bien faire. Si la personne continue à enfreindre les règles de sécurité malgré les rappels, celle-ci doit être exclue du groupe.
Pour aller plus loin
- « Face à la police, face à la justice. Guide d’autodéfense juridique » par le collectif Cadecol (Syllepse, 2016, 2e édition), disponible en ligne.
- « Manuel de survie en garde à vue » disponible en ligne.
- Réseau d’autodéfense juridique collective (RAJCOL) : https://rajcollective.noblogs.org/
- Guide d’autodéfense numérique, en ligne ou en version papier chez Tahin Party
- Se procurer le livre Full Spectrum Resistance et voir le chapitre 6 sur la sécurité, Aric McBay, éditions LIBRE, 2020
- Refuser le fichage ADN
- Des outils et conseils utiles pour améliorer la sécurité sur le web (en français ici et là, en anglais ici et là)
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