Technosphère : quand la technologie colonise la planète

Traduction d’un texte du journaliste canadien Andrew Nikiforuk, spécialiste des questions énergétiques. Dans cet article paru en janvier 2024 dans le magazine indépendant The Tyee, il se livre à une description du système technologique – la technosphère – et décrit son fonctionnement. À la fin de l’article, il mentionne explicitement qu’il est impératif de démanteler la technosphère (au moins en partie) pour stopper la sixième extinction et le changement climatique. Si Nikiforuk reste bien trop timoré dans ses propositions concrètes pour résister, il est encourageant de voir que la notion de démantèlement fait peu à peu son chemin.


Nous avons bâti la Technosphère. Désormais, nous devons y résister.

Notre merveilleux monde de plastique, de câbles et de béton promettait la liberté. Au lieu de cela, son culte de l’efficacité contrôle et tue.

« Les gens finiront par aimer d’eux-mêmes leur oppression et adorer les technologies qui annihilent leurs capacités à penser. » – Aldous Huxley

Au XIXe siècle, le géologiste autrichien Eduard Suess a parcouru les Alpes afin d’étudier les formations rocheuses et dresser une cartographie plus fidèle de l’histoire géologique de notre monde. Suess, l’un des pères fondateurs de l’écologie, se plaisait à dire que les humains tendent à oublier « que si la planète peut être mesurée par l’homme, celle-ci n’est pas à la mesure de l’homme ».

Suess a également donné un nouveau nom à notre planète. Il l’a appelée la biosphère. Par ce terme, il désignait tous les endroits de la Terre où la vie est possible.

En tant que force géologique, la biosphère existe depuis 3,5 milliards d’années. Cette biosphère regorge de merveilles, à l’image des forêts produisant de l’oxygène et des baleines séquestrant le carbone dans l’Océan. La biosphère est complexe et diversifiée, et a la capacité de s’autoréguler. En outre, la biosphère ne génère aucun déchet et fonctionne grâce à des flux d’énergie gratuits provenant principalement du soleil.

Le scientifique ukrainien Volodymyr Vernadsky a étoffé le concept suivant :

« Lors de la mort, de sa vie et de sa destruction, l’organisme restitue à la biosphère ses atomes et les lui reprend incessamment, mais la matière vivante pénétrée de vie puise toujours sa genèse au sein de la vie elle-même. »

A l’image des animaux, les humains sont les habitants de la biosphère ; elle est notre maison. Mais au cours des dernières décennies, celle-ci a été éclipsée par une construction entièrement d’origine humaine. Ce nouvel environnement artificiel a commencé à s’étendre dès l’époque de la révolution industrielle. Les humains ont découvert l’utilisation du charbon, puis du pétrole, afin d’utiliser des machines pour remodeler le monde[1]. Aujourd’hui, ces machines fabriquent et mesurent toutes les choses imaginables ; elles réalisent cela en fonction des directives données par leurs concepteurs humains et, de plus en plus, en fonction des besoins des machines elles-mêmes.

D’abord il y a eu un jaillissement de villes, puis des routes, des chemins de fer et enfin des avions, afin d’approvisionner et relier ces mêmes villes. Nouveaux matériaux et nouvelles technologies se sont accumulés dans un rythme effréné — ce processus allant en s’accélérant après la Seconde Guerre mondiale telle une élégante voiture de sport italienne. A la fin des années 1950, il était devenu évident que l’humanité avait puisé dans les réserves d’énergies fossiles dans l’optique de bâtir une structure très distincte de la biosphère. Cette nouvelle entité n’a pas seulement consumé les ressources d’une planète finie ; elle est devenue une menace existentielle pour notre planète en raison des flux incessants de déchets toxiques régurgités par les machines.

John Milsum, un ingénieur des systèmes canadien[2], a durant les années 1960 donné un nom à ce phénomène reposant sur le travail des machines et la pensée-machine. Il l’a nommé Technosphère[3].

Pourquoi un terme si froid et métallique pour définir notre condition actuelle ? Quel contrôle avons-nous concrètement sur cette mégamachine créée par nous-mêmes ? Pour chaque individu concerné, quelle peut, quelle doit être sa réponse ?

UNE FAIM À ASSOUVIR

Aujourd’hui, la technologie et ses exigences matérielles ont colonisé toutes les zones biologiques de la Terre et façonnent pratiquement toute la vie humaine. Par définition, la technosphère est une excroissance artificielle (et parasitaire) de la biosphère – une biosphère brutalisée à l’extrême. La technosphère inclut le verre, le béton, l’asphalte et le plastique, les hauts fourneaux rugissants et l’infrastructure numérique vrombissante. Elle comprend les moteurs, les missiles, l’internet et toute l’énergie que les humains utilisent pour les alimenter. Quant à l’IA, cette dernière a déjà pénétré à peu près toutes les activités économiques.

Pourtant, peu de gens et encore moins de dirigeants réalisent jusqu’où le développement technologique nous a menés. Les résidents de la technosphère, ses serviteurs ou ses prisonniers (choisissez l’appellation la plus appropriée) restent largement aveugles à sa taille et à ses intentions.

De nombreuses personnes passent plus de temps à vivre dans la technosphère que dans le monde réel. Ils peuvent identifier les personnages virtuels dans les jeux vidéo, mais sont incapables de nommer les arbres ou les oiseaux visibles depuis leur fenêtre. L’adolescent américain moyen passe près de huit heures par jour sur des écrans, flottant dans l’univers virtuel tel un astronaute piloté par des algorithmes. Quant à leurs homologues français, à l’âge de 18 ans ils ont déjà été propriétaires de cinq téléphones portables.

Un géoscientifique américain de l’université Duke dénommé Peter Haff a beaucoup écrit sur la technosphère et ses pouvoirs. Dans un article fascinant publié en 2013[4], il définit globalement cet univers médiatisé par les machines comme un système interconnecté de technologies de communication, de transport et d’administration qui exploite, métabolise et consomme des combustibles fossiles ainsi que toute autre source d’énergie qui peut lui être utile.

Pour chaque tonne de combustibles fossiles consommée par la technosphère, elle extrait six autres tonnes de matériaux, notamment du sable, du métal, de la roche, du bois et de la pierre. Haff écrit que

« Sur terre, la technosphère transporte de grandes quantités de solides plus loin et plus vite que n’importe quel processus naturel, à l’exception du transport des sédiments par les rivières. »

C’est pourquoi la technosphère possède son propre métabolisme. Elle s’approprie continuellement des ressources à l’instar d’une armée napoléonienne conquérante. À elle seule, sa consommation d’eau douce engloutit chaque année l’équivalent d’une mer Méditerranée.

Selon les termes de Haff, la transformation perpétuelle de la Terre par la technosphère est « un processus géologique émergent qui exploite les humains en tant que composants essentiels soutenant sa dynamique ». Le mot « composant » est riche d’enseignement. Si un citoyen (ou composant) refuse de servir la technosphère, il peut être mis au rebut ou, comme l’explique Haff, faire l’objet de réparations.

« Occasionnellement, quelques individus choisissent de fuir volontairement la technosphère pour vivre en ermites. En raison d’une incapacité mentale ou physique, d’autres individus échouent à faire leur part de travail au service de la technosphère. Du point de vue de la technosphère, ces personnes sont des pièces défectueuses. Elles sont écartées du système à moins qu’elles ne puissent être réparées, c’est-à-dire remises en état de marche. »

Comme le note Haff, des lueurs de l’Ancien Monde existent encore dans quelque arrière-pays broussailleux, mais il n’existe pas vraiment de refuge.

« En maîtrisant les derniers vestiges de résistance des masses à l’assimilation, la technosphère semble s’approcher comme d’une limite mathématique, de la domination de 100 % de la population mondiale ».

La biosphère paie un lourd tribut pour le progrès technologique en étant cannibalisée, fragmentée, exploitée, déboisée et polluée. Et nous aussi.

La technosphère recrache des déchets tels que des pesticides, des résidus miniers, de l’azote, du plastique, des gadgets électroniques, des polluants chimiques éternels et des quantités phénoménales de dioxyde de carbone. Elle consomme et se purge comme de riches aristocrates romains au cours d’un dîner faste.

Haff note que la technosphère est une « piètre recycleuse » de toutes les ressources qu’elle s’approprie. C’est un euphémisme.

En 1900, la masse de la civilisation humaine représentait environ 3 % de la biomasse mondiale. Aujourd’hui, le poids de la technosphère dépasse celui de tous les êtres vivants de la planète.

En 2020, un groupe de chercheurs israéliens a calculé que la masse de tous les êtres vivants de la biosphère s’élevait à 1,12 billion de tonnes [1 billion = 1 000 milliards, NdT]. Mais la même année, le poids du béton, de l’asphalte, du verre, des véhicules et du plastique qui composent la technosphère a excédé la masse du monde vivant. La masse de la technosphère atteignait cette année-là les 1,15 billion de tonnes.

Les animaux de la planète pèsent collectivement environ quatre gigatonnes, mais tout le plastique sur Terre pèse déjà le double. Les bâtiments et les infrastructures, y compris les routes, représentent une masse plus importante que l’ensemble des arbres et arbustes de la planète[5]. Si les mégapoles continuent de s’étendre et que les sociétés humaines consomment de plus en plus de produits finis, la masse de la technosphère, y compris ses flux gigantesques de déchets, dépassera les trois tératonnes d’ici à 2040. C’est presque le triple de la biomasse sèche sur Terre.

« Il y a maintenant suffisamment de béton sur la planète pour produire une réplique grandeur nature de la Terre de 2 mm d’épaisseur, et suffisamment de plastique pour envelopper complètement cette réplique dans du film alimentaire[6] », écrivaient il y a six ans les scientifiques Gabrielle Hecht et Pamila Gupta.

CRITIQUES ET PROMOTEURS

À différentes époques, les penseurs ont donné divers noms à cette technosphère en expansion. Dans les années 1930, l’historien des techniques Lewis Mumford parlait de l’essor de la « mégamachine[7] » et la considérait comme une force mortifère, tandis que le romancier Aldous Huxley l’appelait le Meilleur des mondes. Le critique social Neil Postman l’a appelé Technopoly en 1992, et l’écologiste Nate Hagens parle de « Superorganisme[8] ». Un groupe de géologues modernes parle d’ « Anthropocène » ou de l’âge de sapiens.

Le plus perspicace et le plus prophétique de ces critiques a été Jacques Ellul[9]. Dans les années 1950, alors que la technosphère apparaissait de plus en plus comme une force géologique globale, Ellul a écrit La Technique ou l’Enjeu du siècle. Il avertissait que la technologie et son culte allaient homogénéiser toutes les cultures, stériliser la foi, centraliser le pouvoir, dominer toutes les affaires économiques et politiques et remplacer les paysages naturels par des environnements artificiels et stériles.

Ellul a prédit qu’il ne pouvait y avoir qu’une seule solution à tous les problèmes dans une société technologique : l’application de plus de techniques au nom de l’efficacité. Et que le culte croissant de l’efficacité bannirait des idéaux tels que la beauté, la vérité et la vertu.

Bien entendu, toute innovation s’accompagne d’une série d’effets non désirés. Ellul avait prévenu que si la technologie continuait à se développer, « le désordre continuera à croître, et plus le désordre augmentera, plus la menace existentielle sera grande ».

Comme l’avait prédit Ellul, le désordre et le danger auxquels sont confrontés la biosphère et ceux qui en dépendent sont fondamentaux. Dans ce que les scientifiques appellent la sixième extinction de masse, les plantes et les animaux sont éradiqués en raison de l’appropriation des habitats et de l’eau par la technosphère et ses huit milliards de composants humains.

Les scientifiques estiment qu’au moins un million d’espèces de plantes et d’animaux risquent de disparaître au cours des prochaines décennies. Près de la moitié des disparus seront des insectes. Les populations de vertébrés ont déjà diminué de 60 % depuis 1970.

La technosphère a également lancé l’assaut sur l’humanité et l’a transformé, fragmentant notre pensée et tuant nos capacités d’attention. Les médias sociaux ont érodé les démocraties et polarisé le débat politique. Alors que les humains communiquent de plus en plus avec des machines, les épidémies sociales d’anxiété et de solitude s’aggravent.

Mais les techno-optimistes prétendent qu’une application sera bientôt créée pour répondre à cette aliénation croissante. Car à ce jour, la technosphère compte bien plus de défenseurs que de détracteurs. L’optimisme prôné par les experts du numérique et la classe politique est amplifié par des médias complices qui reconnaissent rarement qu’il devrait y avoir des limites à la croissance et, par extension, à nos modes de consommation. Les techno-optimistes veulent des disruptions tous azimuts, ils rêvent de fusionner avec les machines et cherchent même à vaincre la mort. Ils veulent que nous considérions les robots comme nos amis. Et ils jurent que davantage de technologie pansera les plaies des précédents assauts technologiques.

Un récent manifeste de la Silicon Valley ressemble à une exaltation religieuse.

« La technologie est la consécration de l’ambition et de l’accomplissement humains, le fer de lance du progrès et la réalisation de notre potentiel. »

Et d’ajouter :

« Combinez la technologie et les marchés et vous obtenez… la machine techno-capitaliste, le moteur de la création matérielle perpétuelle, de la croissance et de l’abondance[10]. »

Certains rêvent d’avoir le beurre et l’argent du beurre. Selon certains penseurs, une technosphère mature aura, dans le futur, « coévolué avec la biosphère vers une forme qui permettra à la technosphère et à la biosphère de prospérer[11] ».

Kevin Kelly, cofondateur du magazine Wired, utilise le mot « technium » lorsqu’il parle de la technosphère, et invite à l’adopter. La technosphère exigeant une collecte constante de données, nous ne devrions pas craindre d’être surveillés et contrôlés en permanence par des machines connectées, affirme Kevin Kelly[12]. Il considère que c’est notre destin.

« La technologie est un moyen de produire de nouveaux problèmes. C’est un moyen de produire de nouvelles solutions, mais le fait que nous ayons le choix entre les deux fait pencher la balance très, très légèrement en faveur du bien à long terme. »

UN APPEL À LA RÉSISTANCE

De tels propos suggèrent que nous pouvons collectivement choisir notre relation avec la technosphère et se débarrasser de ses aspects négatifs. Mais il est bien trop tard pour se lancer dans ce genre de débats.

« Les humains n’ont collectivement pas d’autre choix que de maintenir la technosphère en activité, car elle est désormais indispensable à notre existence collective[13] », note le géologue britannique Jan Zalasiewicz [point de vue très occidental, car le niveau de dépendance des humains à la technosphère varie grandement selon les endroits de la planète, NdT].

Qu’en est-il des promesses de la technosphère face à une personne qui y est enfermée tout en ayant conscience que son flux de pollution menace l’humanité ? Les techno-optimistes font croire qu’il est défaitiste de douter que les technologies vertes telles que les voitures électriques, les panneaux solaires, le captage direct de CO2 de l’atmosphère et la géo-ingénierie permettront d’éviter la catastrophe.

La promesse de perpétuer la technosphère à l’aide d’énergies renouvelables se heurte à un phénomène appelé paradoxe de Jevons[14]. Chaque fois que la technosphère rend un produit ou une forme d’énergie plus efficaces, cela entraîne une augmentation de la consommation globale. En étant 90 % plus performantes que les ampoules à incandescence, les ampoules LED étaient un modèle d’efficacité. Mais à mesure que leur utilisation explose, les économies d’énergie nettes s’amenuisent. La technosphère estime qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter : plus d’éclairage partout, tout le temps, et les effets aveuglants qui vont avec, ont une « immense valeur économique[15] ».

Comme nous l’avons vu, la technosphère, avide d’énergie, est manifestement insensible à l’apprivoisement[16]. Il est donc important de ne pas confondre la technosphère, qui est de plus en plus le produit de machines parlant à des machines, avec un mécanisme directement sous le contrôle des humains. D’une certaine manière, la technosphère possède une volonté propre[17], qui « exploite les humains » afin de poursuivre ses propres impératifs, comme l’explique M. Haff.

« Essayer de résoudre le problème climatique en se tournant vers les énergies renouvelables pourrait donc nous mener dans une direction imprévue », écrit M. Haff. « Ce sera le cas si les opportunités offertes par les énergies renouvelables semblent différentes pour la technosphère et pour les humains. »

Quel que soit l’avenir de certaines sources d’énergie renouvelables, ajoute M. Haff, « les forces motrices sont déjà en place pour une transition vers des taux de consommation d’énergie plus importants, voire beaucoup plus importants, que le niveau de puissance actuel atteint avec l’utilisation des combustibles fossiles ».

Le sociologue de l’environnement américain Richard York a déjà documenté cette tendance[18]. Les tendances de la production d’énergie suggèrent qu’« au fur et à mesure que les sources d’énergie renouvelables augmentent leur part dans le mix énergétique global, elles ne remplacent pas les combustibles fossiles mais conduisent plutôt à faire croître la quantité globale d’énergie produite ». La demande mondiale de pétrole a atteint un niveau record en 2023[19], tout comme la consommation d’électricité par habitant. Et la consommation mondiale d’énergie toutes sources confondues continue d’augmenter de 1 à 2 % par an[20].

Tout cela n’est pas de bon augure pour ceux qui considèrent que le seul véritable moyen d’échapper à la catastrophe climatique est d’effectuer une transition vers une économie décroissante qui consommerait beaucoup moins d’énergie et de matière.

Pour ce faire, il faut commencer par défendre une hérésie radicale : réduire physiquement la technosphère.

En réalité, cela nécessiterait une prise de conscience révolutionnaire de cette difficile situation. Car la technosphère a colonisé tous les aspects de notre vie aussi totalement que le siège et la conquête brutale de la ville de Tenochitlán par Hernán Cortés. Nous sommes tous des Aztèques maintenant, mais eux, au moins, ont résisté à cette soumission par des forces étrangères. Nous l’avons rarement fait.

Quelle ligne de conduite reste-t-il alors à chacun ?

Jacques Ellul, un homme qui aimait la vie, a proposé trois choix. Il écrivait en 1989 que l’on peut accepter la technologie comme une fatalité, dénoncer ses transgressions ou résister à sa domination dans toutes les affaires humaines.

Seules les deux dernières voies, écrivait-il, sont porteuses de promesses, d’espoir et, enfin, de libération.

Et si nous voulons « sortir de ce terrible marécage qui est le nôtre », a-t-il déclaré, « nous devons avant tout éviter l’erreur de croire que nous sommes libres ». Nous devons d’abord reconnaître notre enfermement dans la technosphère. Ensuite, « face à la tête d’Hydre de la ruse et au visage de Gorgone de la haute technologie, la seule chose à faire est de les mettre à distance critique, car c’est en étant capable de critiquer que nous montrons notre liberté » [pour des propositions stratégiques plus concrètes, lire Theodore Kaczynski, NdT]

Neil Postman a pris le conseil d’Ellul à cœur, recommandant une résistance constante et persistante. Selon Postman :

« Un résistant comprend que la technologie ne doit jamais être acceptée comme faisant partie de l’ordre naturel des choses, que chaque technologie – d’un test de QI à une automobile en passant par un téléviseur ou un ordinateur – est le produit d’un contexte économique et politique particulier et porte en elle un programme, une intention et une philosophie qui peuvent ou non améliorer la vie et qui nécessitent donc d’être examinés, critiqués et contrôlés. »

Postman a défini des règles pour résister. Tout d’abord, la personne critique de la technosphère et de ses exigences refuse d’accepter l’efficacité comme boussole principale dans les relations humaines. Il ne faut pas confondre information et connaissance, ni considérer les personnes âgées comme obsolètes. Il ne faut pas non plus dénigrer les grands récits religieux. Ils méritent d’être pris au sérieux parce qu’ils remettent en cause l’idolâtrie de la technologie dans toutes les affaires humaines, écrit Postman.

Enfin, un résistant comprend que la technologie ne doit jamais être acceptée comme faisant partie de l’ordre naturel des choses. Ce sont les communautés humaines, et non les machines ou les marchés, qui doivent adopter ou rejeter les outils.

En d’autres termes, la résistance préserve ce qui compte : la biosphère.

Andrew Nikiforuk

Traduction : W.N.


  1. Ce n’est pas « l’humanité » qui est à l’origine de la technosphère, mais une seule culture humaine qui a colonisé la planète entière – la culture industrielle. Un type de société bien particulière dominée par une classe d’experts scientifiques et techniques, la technocratie.

  2. https://en.wikipedia.org/wiki/Control_engineering

  3. https://anthropocene.univie.ac.at/resources/technosphere/#:~:text=The%20term%20was%20introduced%20to,formed%20by%20all%20human%20beings

  4. https://pne.people.si.umich.edu/PDF/Haff%202013%20Technology%20as%20a%20Geological%20Phenomenon.pdf

  5. https://fisherp.mit.edu/wp-content/uploads/2021/01/s41586-020-3010-5.pdf

  6. https://somatosphere.com/2017/toxicity-waste-detritus-an-introduction.html/

  7. https://philarchive.org/archive/SWETRT

  8. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0921800919310067

  9. https://thetyee.ca/Analysis/2018/10/12/Jacques-Ellul-Prophet/

  10. https://a16z.com/the-techno-optimist-manifesto/

  11. https://www.rochester.edu/newscenter/planetary-intelligence-evolution-thought-experiment-510542/

  12. https://www.edge.org/conversation/kevin_kelly-the-technium

  13. https://courier.unesco.org/en/articles/unbearable-burden-technosphere

  14. https://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_de_Jevons

  15. https://energypost.eu/rebound-effect-cheap-leds-mean-more-lights-everywhere-but-brighter-homes-offices-and-public-spaces-are-worth-having/

  16. C’est ce que Theodore Kaczynski démontre longuement dans Révolution Anti-Tech : pourquoi et comment ?, 2016.

  17. Jacques Ellul parle dans La technique ou l’Enjeu du siècle de « l’autonomie » de la technique.

  18. https://content.csbs.utah.edu/~mli/Economics%207004/York%20and%20Bell-Energy%20Transition%20or%20Addition.pdf

  19. https://www.eia.gov/todayinenergy/detail.php?id=44095#:~:text=Increases%20in%20per%20capita%20electricity,for%20air%20conditioning%20and%20appliance

  20. https://ourworldindata.org/energy-production-consumption#:~:text=We%20see%20that%20global%20energy,%25%20to%202%25%20per%20year.

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