médecine moderne est un piège, une arnaque

« Anti-tech, vraiment ? Et les progrès de la médecine hein ?! » (poncif n°6)

Voici que s’abat sur nous un couperet en forme de scalpel. Mais que vise un tel poncif sinon nous affilier à des forces de mort ? Profondeur et netteté sont les qualités de la plaie rhétorique que l’on voudrait nous infliger, ce seront aussi celles de la réponse à ce poncif.

I – Le système nous offre les remèdes aux maladies qu’il suscite

Esquissons brièvement le mode de vie que nous offre ce système. L’individu contractuellement esclave pour une durée de 35 heures (dès l’école) éreinté et démotivé dès la sortie du travail, n’usant de son corps (sauf s’il est ouvrier) que pour aller de son palier à sa voiture ; mangeant une bouillie infâme micro-ondée et stérilisée ; s’endormant jusqu’au prochain week-end où l’alcool coulera à flots – modérés. Le même jour sans fin, jusqu’au cancer, avec quelques épisodes dépressifs entre temps. Pour sa dépression : benzodiazépine ; pour sa fatigue : caféine ; pour ses douleurs articulaires : ibuprofène ; pour ses carences : cure de vitamines ; pour son désir éteint : viagra ou séances chez le psy, etc. Le corps décomposé en une suite de rouages réparables, l’homme-machine ne peut se rebeller ; et son faible temps d’imagination, il le livrera en pâture à la production audiovisuelle du moment. Se vider la tête pour ne pas y loger une balle, quelle vie ! Quant à la révolution anti-technologie, aucun médecin ne la prescrit.

Face à n’importe quel membre d’une société traditionnelle, l’esclave technologique fait pâle figure. L’obésité, les maladies métaboliques sont rares chez les chasseurs-cueilleurs et les peuples pratiquant une agriculture de subsistance, puisque sont absents chez eux les aliments ultra-transformés et les bombes caloriques. De même, rappelons leur bonne santé cardio-vasculaire, découlant d’un haut degré d’activité physique au quotidien et d’une pollution réduite ; de même pour l’asthme et les allergies liés à la naissance en milieu stérilisé. Les exemples étant foisonnants, nous en ferons l’économie ici[1].

« L’intervention destructrice de l’homme sur le milieu s’est intensifiée parallèlement aux prétendus progrès de la médecine. L’empoisonnement de la nature par l’industrie chimique est allé de pair avec la prétendue efficacité croissante des médicaments ; la malnutrition moderne, avec le progrès de la science diététique[2]. »

C’est en tant qu’être humain en proie à une maladie de civilisation que m’est venu le rejet absolu du système techno-industriel (non par des lectures mais par la chair gâtée). Et qu’offre-t-on aux malades de la civilisation sinon des remèdes de civilisation ? Pour ceux dont la survie est conditionnée au maintien du système, l’injustice est criante mais l’ardeur à l’abattre s’en trouve renforcée, même au prix d’une vie raccourcie. Ainsi, nous devrions témoigner de la reconnaissance à ce qui nous changea en victimes collatérales du « progrès » ? Mais exige-t-on de la victime d’un viol qu’elle remercie son agresseur de ne pas lui avoir tranché la gorge ? La médecine est l’antichambre de la mort, rafistolant dans la mesure du possible, et du rentable, les pièces cassées d’un système mortifère.

II – La médecine moderne empêche l’autonomie et justifie l’asservissement

La médecine de l’ère technologique est indissociable de la classe technocratique, de droite comme de gauche, laquelle se signe par sa confiscation du savoir et la complexité croissante des procédures de traitement. Elle propose une offre au sein de l’infini marché de la santé humaine, multipliant ainsi les demandes. Anti-autonomie, elle assiste l’être humain jusqu’en son intimité. En traitant le corps comme mécanisme et le patient comme machine, la médecine se réduit à une mécanique des corps usés par une vie contre nature. L’hôpital se mue en atelier de réparation ; de sorte que, pour les plus chanceux (et surtout pour les plus aisés), le bras broyé par l’accident de voiture sera prochainement remplacé par une prothèse plus performante que le membre original. Après tout, le mal-être et l’agitation de l’enfant ne se traitent-ils pas déjà par prescription de lithium ?

En matière féminine, la médecine se signe par la dépossession du corps, son invasion et son intoxication : frottis, pilule journalière, péridurale, etc. Le corps de la femme n’a droit à son épanouissement que par la voie d’un empoisonnement quotidien, dès l’adolescence, présentant ainsi la sexualité comme une liberté indissociable du progrès scientifique (et la pilule comme un excellent bouclier face à l’acné, aux règles douloureuses et à l’imprévoyance masculine). Et plutôt que de dénoncer cet empoisonnement, incitation est faite aux hommes de s’administrer le même pharmakon pour goûter une jouissance marquée du sceau de la stérilité, du poison, et d’une diminution drastique de leur libido. Invasion aliénant le corps féminin, tant les auscultations et les « frottis de dépistage » rendent difficile d’apprécier l’utérus autrement que comme un corps étranger, une source de douleurs régulières, une bombe à retardement (justifiant au passage une délocalisation de l’enfantement dans le ventre d’autrui). Ce sentiment d’aliénation tient au fait d’être rendues étrangères à leurs propres corps, d’être privées de la connaissance charnelle de leurs processus naturels par la chimie, de déformer le corps en une abstraction immatérielle, en un fantôme. La matérialité et la connaissance de soi, voilà ce que retrouvent celles qui parviennent à fuir ce techno-contrôle.

Quant au corps de la future mère : il ne lui appartient pas non plus, il est l’objet du corps médical – dépossession rendue plus facile par la présence rassurante de ce dernier, faisant souvent office de remède à des familles éclatées. Devenu chose des docteurs, le corps-objet est maltraité à volonté : épisiotomie comme procédure standard, position couchée pour l’accouchement au mépris de la gravité terrestre, location de ventres dans le cadre de GPA. La liste des horreurs s’allonge sans cesse : PMA, artificialisation de la reproduction, bébé sur catalogue, création de spermatozoïdes par cellules souches ou d’ovules par modification de gamètes mâles, utérus artificiel, etc[3]. Horreurs qui participent toutes à la même vision d’une espèce humaine rendue biologiquement dépendante du système techno-industriel pour survivre. Et la pensée d’un avenir irrémédiable d’esclaves biotechnologiques nous est intolérable.

III – La peur de la mort comme outil de domestication

Du safe space à la safe city, il n’y a qu’un pas : la gestion hygiéniste du Covid fut ici riche en enseignements. Profitant d’une nouvelle maladie de civilisation, la technocratie attribua à chaque humain son QR code. Ah la peur, quelle aubaine ! surtout lorsqu’elle touche à la mort.

Là encore :

« 69. Il est vrai que l’homme primitif est impuissant face à certaines menaces, la maladie par exemple. Mais il peut accepter ce risque avec stoïcisme. C’est dans la nature des choses, ce n’est la faute de personne, sinon de quelque démon imaginaire et impersonnel. En revanche, les périls auxquels l’homme moderne est exposé sont créés par l’homme. Ils n’ont rien à voir avec le hasard, ils lui sont imposés par d’autres personnes sur lesquelles il ne peut influer. Il se sent donc frustré, humilié et furieux[4]. »

En conséquence, la peur de mourir qui hante l’homme en société industrielle nous semble bien davantage être une peur de n’avoir pas pu vivre. En ce sens, l’absence de sagesse est criante. Naître c’est déjà entrevoir la mort au bout du chemin, et seule la vie réellement vécue, celle où le processus de pouvoir a été assouvi, permet de se préserver des regrets[5]. Car ne nous y trompons pas, le prétendu rallongement de l’espérance de vie que nous devrions à la médecine ne s’accompagne pas d’un surcroît d’existence. Nature, liberté, communauté, effort quotidien, transmission, acceptation de la mort comme limite de la vie, rien ne nous est laissé de ce qui forme le cœur de l’existence humaine. « Et les patients branchés, vous en faites quoi ?! », nous rétorque-t-on parfois. Mais sommes-nous seulement responsables d’avoir lié le maintien de leurs fonctions vitales à celui d’un réseau électrique ? Accordez-vous encore à ce système le bénéfice du doute ? Sachez que quelques années gagnées à mieux le servir ne valent pas un surcroît de vie : pour des hommes-machines, ce n’est qu’une extension de garantie.

IV – La recherche médicale est mortifère, tant pour les êtres vivants que pour la nature

Combien de centaines de milliers d’animaux de laboratoire, torturés dans le secteur privé et public, d’êtres vivants pucés et reliés à un ordinateur, de cadavres humains manipulés à des fins de recherche, d’animaux électrocutés, empoisonnés, séparés de leurs mères, etc. ? Et dans le secteur industriel : de vaches à hublots, de volailles handicapées, de truies sélectionnées pour avoir plus de mamelles ? Le catalogue des horreurs peut continuer encore longtemps, au point d’en filer la nausée au Docteur Frankenstein lui-même.

Mais allons un brin plus loin, et traitons en quelques mots de la recherche sur les virus. Là encore, le but vaccinal semble louable. Mais qu’implique-t-il ? Des laboratoires à la sécurité prétendument maximale d’où peuvent s’échapper des virus pour lesquelles n’existe aucun remède. Qu’est-ce qu’un laboratoire classé P4 (pathogène de classe 4) sinon une usine de mort, parfaitement employable à la fabrication d’armes biochimiques puisque sous contrôle militaire (ce qu’illustre parfaitement l’existence du laboratoire P4 de la DGA [Direction générale des armées] en Essonne).

La recherche est indissociable du but réel des scientifiques qui, loin d’agir pour le bien de l’humanité, cherchent avant toute chose à satisfaire leurs besoins psychologiques ; à résoudre des problèmes techniques sans s’inquiéter des conséquences réelles, persuadés comme Oppenheimer que la connaissance est une fin en soi. Cependant, il n’existe pas de science en soi, seulement une science qui n’a pas encore trouvé à s’appliquer.

« Au vu de tout ce qui précède, il faut vraiment le vouloir pour croire encore que la plupart des scientifiques sont principalement guidés par un désir de servir l’humanité. Une version moins sotte de l’idéologie scientifique représente la science non comme une entreprise humanitaire, mais comme moralement « neutre » : les scientifiques ne feraient que placer certains outils à disposition de la société, et si s’ensuivent des conséquences fâcheuses, la faute incombe à la société, pour avoir « mal utilisé » ces outils. Les mains des scientifiques restent propres. Matthieu 27:24 — « [Ponce Pilate] prit de l’eau, se lava les mains en présence de la foule, et dit : Je suis innocent […][6]. » »

L’eugénisme technologique est incontestablement la forme la plus virulente et flagrante de cette réalité de la recherche. L’enfant choisi sur catalogue étant déjà une réalité, la sélection des embryons lors des PMA par l’entremise du diagnostic préimplantatoire (DPI) l’étant également, l’enfant naturel est d’ores et déjà considéré comme de l’histoire ancienne. Les scientifiques à l’œuvre, sous prétexte de « neutralité » et de réponse à un besoin parental, s’octroient le droit d’enterrer le hasard des naissances au nom de la planification technologique de l’évolution humaine. Le transhumanisme n’est que le nouveau nom de l’eugénisme.

V – La médecine est irréformable et ses évolutions échappent à tout contrôle légal

Discutez avec un chef de service d’un hôpital quelconque et celui-ci témoignera rapidement du fait que le moindre petit changement dans les procédures de soin demanderait une foule d’efforts considérables. Imbriqué qu’il est dans le tout que forme le système technologique, le secteur médical est soumis aux mêmes limitations que l’industrie et les autres éléments formant le système technologique. Se réformer lui est impossible, il lui faut suivre les tendances et les impératifs économiques liés à l’ensemble. Pire : c’est dire la fragilité du système de santé.

Les bons côtés de la médecine, puisqu’ils existent, restent indissociables des mauvais (voir Poncif n°4). Après tout, pas d’IRM sans structures énergétiques militarisées et sans extraction minière (pour la fabrication et le fonctionnement de l’appareil). Aussi, il serait vain de croire pouvoir changer sa tendance, ne serait-ce qu’au moyen de la loi. Si les lois bioéthiques successives nous ont appris une chose c’est que le droit n’est que l’antenne de ratification et de validation a posteriori de toutes les évolutions technologiques les plus immondes[7].

À l’évidence, il existe bien des formes de soin et de prévention des maladies compatibles avec une technologie à petite échelle uniquement (La Société industrielle et son avenir, § 208), mais d’autres se sont déjà penchés sur cela avant nous ; aussi nous les laissons à part pour en revenir à notre seule et unique préoccupation. C’est parce que ni la loi ni la réforme ne peuvent empêcher notre destruction en tant qu’espèce et la disparition de notre dignité que nous sommes forcés d’agir. Voyez comme le système technologique n’a qu’une vie de mort à nous offrir. À tous ceux qui placent la vie et la nature au sommet, la solution tient en trois mots et en beaucoup d’efforts : Révolution anti-technologie.

R. F.


  1. « Grippe, varicelle, tuberculose, choléra, maladies cardiaques, dépression, paludisme, carie dentaire, la plupart des cancers et l’immense majorité des maladies et problèmes sanitaires dont nous souffrons sont des produits de la civilisation : la domestication des animaux, le fait de vivre dans des villes densément peuplées, les égouts à ciel ouvert, les aliments contaminés par des pesticides, le détraquement de notre microbiote, etc. » RYAN Christopher, Civilisés à en mourir, 2022
    Pour plus de détails, se reporter à cette traduction d’un article paru dans Obesity Reviews en 2018 : https://subsistance.org/2022/05/25/les-membres-des-societes-traditionnelles-sont-en-excellente-forme/

  2. Illich Ivan, Némésis médicale, 1974.

  3. Divers essais sur le sujet méritent d’être signalés : Le Corps-Marché, de Céline Lafontaine (Seuil, 2014) ; La reproduction artificielle de l’humain d’Alexis Escudero (Le monde à l’envers, 2014). Plus récemment, et sur le même sujet : Alertez les bébés ! par Pièces et main d’œuvre (2019).

  4. Kaczynski Theodore J., La Société industrielle et son avenir, in L’Esclavage technologique Vol.1, éditions Libre, 2023, trad. A. Adjami et R. Fadeau.

  5. Montaigne, Les Essais, Livre I, Chapitre 20 ; Arléa, 1994. Voir aussi, Kaczynski Theodore J, ibid., § 75.

  6. Kaczynski Theodore J., « Lettre au Dr P. B. sur les motivations des scientifiques », in L’Esclavage technologique Vol.1, p. 361, éditions Libre, 2023, trad. A. Adjami et R. Fadeau.

  7. Lire à ce sujet l’indispensable : Leca Antoine, L’Ordre sanitaire national-socialiste : rémanence, résiliences et récurrences au XXIe siècle, éditions Les études hospitalières (LEH), 2016.

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